Violences lors du défilé du 1er-Mai : des questions dont on attend les réponses

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Chaque matin, Hélène Jouan évoque un sujet précis de la vie politique.

Défilé du 1er-Mai marqué mardi par la violence, 1.200 individus cagoulés qui saccagent tout sur leur passage, et affrontent les forces de l’ordre. 276 d’entre eux ont été interpellés. Des images chocs et des questions, Hélène Jouan.

La chienlit en plein Paris. Ils n’en sont pas à leur coup d’essai ces black blocs, ces groupuscules d’extrême gauche, sans maître ni loi. Leur fait d’armes, le sommet de l’OMC à Seattle en 1999, des millions de dollars de dégâts, 600 arrestations, ils s’invitent ensuite dans tous les grands sommets internationaux, à Gênes pour le G8 en 2001, un mort dans les affrontements avec les forces de l’ordre… Ils sont à Strasbourg en 2009, à Nantes en 2014 pour manifester contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Nouveaux terrains d’infiltrations et de désordre, ces ultras sont de toutes les ZAD, déstabilisent tous les combats, importent la violence sur tous les terrains. Il y a quelques jours, Philippe Martinez, le patron de la CGT, nous disait sa hantise de les voir débarquer à chaque rassemblement. Mardi, leur masse était nouvelle : ces quelques 1.200 individus cagoulés de noir, aux slogans délirants "premiers de cordée, premiers guillotinés", "tout le monde déteste la police" n’ont pas "perturbé" la manifestation syndicale : ils l’ont empêchée.

Une irruption de violence qui suscite beaucoup de condamnations, et pose quelques questions.

Jean-Luc Mélenchon aveuglé, veut y voir le fait "sans doute", dit il, "de bandes d’extrême droite", mais il condamne cependant les violences, comme le font les organisateurs de la manif,  la CGT, le Parti socialiste, pour qui "la lutte, ce n’est pas la casse", condamnation surtout virulente à droite : du Front national qui dénonce "la mansuétude du pouvoir à l’égard de ces milices d’extrême gauche", aux Républicains qui parle de "faillite de l’état régalien et de l’urgence à rétablir l’autorité". Et objectivement, ils posent quelques questions dont on attend les réponses.

Car la préfecture de police connaissait depuis lundi, en surveillant les réseaux sociaux, ce risque de débordement. Il suffisait de suivre son fil Twitter mardi pour être aussi bien informés qu’en écoutant Europe 1, sur le nombre d’individus cagoulés, leurs préparatifs, leurs premiers méfaits. Alors oui, y a-t-il eu impréparation face à un tel risque prévisible, comment expliquer que ces forces de police et de gendarmerie ne soient pas intervenues plus tôt, manque-t-il des outils juridiques pour qu’elles préviennent ces violences plutôt que de les subir, la fin de l’État d’urgence a-t-elle privé de ces moyens les forces de l’ordre ?

Il ne suffira pas à Emmanuel Macron de réagir en pleine nuit australienne pour promettre la fermeté contre ces auteurs de violence, pour se dédouaner de toute responsabilité. Il ne lui est pas demandé de regarder la télé, ni de nous prouver qu’il travaille les jours fériés comme il l’a sèchement répondu en début de journée aux journalistes. Mardi, c’est un spectacle désolant et insupportable de désordre républicain qui a été offert aux Parisiens, aux Français, au monde entier. À lui, à son ministre compétent, celui de l’Intérieur, d’en répondre.