Les voix de l’opposition ne sont pas nombreuses à se faire entendre. Seul Jean-Luc Mélenchon donne de la voix.
Après le premier entretien télévisé d’Emmanuel Macron, les voix de l’opposition ne sont pas nombreuses à se faire entendre. Laurent Wauquiez, futur leader présumé des Républicains déroule tranquillement sa non-campagne. La prochaine réunion publique inscrite à son agenda est prévue vendredi dans le Maine-et-Loire. Mais rien n'est calé d’ici là. Avant l’émission présidentielle, il s’est fendu d’un tweet : "Illettrés. Fainéants. Cyniques. Envieux. De quel nouveau petit nom nous gratifiera Macron ce soir ?". Depuis motus. A se demander même s’il l’a regardée.
Le PS et le FN inaudibles. Au PS, la situation n’est pas plus enviable, ils sont 28 à la direction collégiale provisoire. Alors qui s’y colle ? Le temps de faire "plouf-plouf, ce sera toi qui… ", on va déjà chercher l’ex patron du parti, Jean-Christophe Cambadélis ou un ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, tous les deux "hors-jeu" de la politique. Au FN, Marine Le Pen est en situation de faiblesse depuis son collapse du débat présidentiel, le feuilleton Philippot l’a affaiblie un peu plus encore. Résultat : elle est inaudible et se prépare à son prochain débat contre Gérald Darmanin jeudi soir sur France 2.
Mélenchon donne de la voix. Seul Jean-Luc Mélenchon donne de la voix face au président ! Il était lundi soir l’invité de TF1, en lieu et place du président la veille, en un peu moins long. Une place d’honneur qui institutionnalise sa posture de premier opposant. Avec quelques "punchlines", comme on ne dit pas encore dans le dico de l’académie, des "saillies" efficaces : "Macron a désigné les premiers de cordée, mais aussi les premiers de corvée" a taclé le leader de la France Insoumise qui s’est fait lui le défenseur de ces derniers, acceptant faussement humble, l’échec provisoire de la "déferlante" promise sur les Champs Elysées pour en reporter aussitôt la responsabilité sur les syndicats, et concluant d’un "attends bonhomme, c’est pas réglé", lourd de menaces.
"Qu'il n'élude pas certains propos". Dans le magazine "le 1", à paraître mercredi, Jean-Luc Mélenchon prévient : "l’opposition, ce n’est qu’une étape vers la conquête du pouvoir". Mais il devrait comprendre que cela l’oblige. Combien de temps va-t-il tenir à préférer éructer contre Manuel Valls ou un autre, plutôt qu’assumer son rôle ? Celui de dire clairement ce qu’il pense des dérives communautaristes de certains de ses députés, de leurs élucubrations pseudo-laïques sur le drapeau européen, pour condamner les comportements "légers" de sa porte-parole Raquel Garrido plutôt que de la présenter en Cosette du barreau, ou encore laisser divaguer sa conseillère en communication qui s’insurge contre les médias qui n’auraient pas parlé de l’attentat de Mogadiscio quand ce dernier a fait la Une de toute la presse "mainstream" comme ils aiment l’appeler ? On attend d’un responsable de l’opposition, qu’il s’oppose et c’est bienvenu. Qu’il n’élude pas ses responsabilités, et ne travestisse pas un certain rapport à la vérité. Ce n’est pas encore le cas de Jean-Luc Mélenchon.