Mobilisation nationale : qui va gagner le mistigri de l'impopularité, le gouvernement ou la gauche ?

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La journée de "manifestation nationale", à l’appel notamment des fonctionnaires, de la SNCF et de la RATP est un test pour le gouvernement, les syndicats et pour la gauche.

C’est un bonneteau à plusieurs gobelets, avec un principe de jeu inversé : l’objectif est de ne jamais se retrouver avec le mistigri de l’impopularité. Qui à l’issue, non pas de cette seule journée, mais au fil de la grève en pointillé menée par la SNCF, va être rendu responsable et coupable de la guerre d’usure qui s’engage ? Ceux qui avancent les réformes ou ceux qui les bloquent.

L’exécutif joue l'apaisement. "Ecoute et détermination" sont les mots d’ordre du côté de l’exécutif. La petite phrase de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Education nationale – "on n’a pas besoin de grève en France" -, a été modérément appréciée dans les rangs de la majorité qui veut désormais faire valoir son sens de l'"écoute". "On n’est peut-être pas obligés de faire de la provoc'", se lamente une élue. Loin des micros, la tension est plus palpable face au danger que représente une convergence des mécontentements.

Il a donc été jugé judicieux d’envoyer quelques signaux d’apaisement. D’où le geste promis par Edouard Philippe mardi matin à l’attention des retraités, avec un premier recul pour corriger l’effet de seuil de la hausse de la CSG. Le gouvernement surveille comme le lait sur le feu le nombre de manifestants dans les rues et les enquêtes d’opinion. Son atout : une forte proportion de Français reste donnée favorable aux réformes en cours, qu'il s'agisse de la SNCF ou de la  fonction publique.

 

Et "en même temps". Mais du lait qui se renverse, une opinion qui bascule, ça s’est déjà vu. Un sondage Odoxa publié jeudi matin offre d’ailleurs un drôle de paradoxe : les Français soutiennent majoritairement la journée de mobilisation des fonctionnaires, parce qu’ils craignent une dégradation de leurs services publics, et "en même temps", ils soutiennent les réformes. Sans un effort intense de pédagogie, d’ailleurs tous les ministres sont mobilisés depuis quelques jours dans les media, le gouvernement risque bien de récupérer le mistigri de l'impopularité.

La bataille de l’opinion. Si le gouvernement fait mine de fanfaronner, les syndicats espèrent leur heure venue. Et plus largement la gauche toute entière, moins plurielle que puzzle toutefois. Le PS a été laissé en marge de l’appel unitaire lancé par Olivier Besancenot, et Benoît Hamon a fait la leçon à Jean-Luc Mélenchon sur sa stratégie solitaire. Le leader de la France insoumise appelait déjà mercredi à une nouvelle marche, de peur de se faire damer le pion de lider maximo de l’opposition. Car tous jouent aussi la bataille de l’opinion, et c'est sans doute autour de la notion de "protection" qu'elle va se gagner, selon qui les Français jugeront les mieux à même d’assurer la pérennité des services publics, des écoles, des hôpitaux ou du rail.