Chaque jour, pendant l'été, Europe 1 vous fait découvrir un endroit caché sur la route de vos vacances.
Nous prenons place à bord du Bus 26, un restaurant itinérant qui sillonne les routes de l'Auvergne. C'est un jeune couple de la région qui, il y a trois ans, a eu cette idée absolument incroyable de faire découvrir la cuisine bistronomique aux habitants de la campagne auvergnate. L'idée du restaurant installé dans un bus était née.
Il est 7h30. Ce matin-là, le Bus 26 arrive à Tronget, 900 habitants, dans l'Allier. C'est ici que le restaurant itinérant va poser ses casseroles pour la journée. Pas de temps à perdre : une fois l'emplacement choisi, il faut stabiliser le véhicule. C'est seulement ensuite que Charles Monconyoux, jeune chef de 32 ans passé notamment par le restaurant de Régis Marcon, trois étoiles au Michelin, passe aux fourneaux. Depuis trois ans, dans son bus, il élabore une cuisine raffinée, bistronomique, à partir des produits d'Auvergne.
"On travaille avec le maraîcher du coin, le fromager du coin le boucher du coin au maximum. L'idée, c'est d'apporter une dynamique dans chaque village où on se trouve. Aujourd'hui, en entrée, on a une sauce coco-citronnelle-gingembre et des crevettes juste snackées et toujours des artichauts de mon maraîcher. Après, on a un cabillaud façon bouillabaisse avec un risotto aux herbes sauvages. Ensuite un a un filet mignon de porc des Combrailles avec une purée de pommes de terre nouvelles aux cèpes d'Auvergne. Et on a en dessert framboises chocolats avec les perles rouges des monts du Velay ou alors l'abricot façon œuf à la neige revisité avec un sorbet à l'aspérule odorante", décrit-il.
A l'étage, c'est la salle de restaurant. 26 couverts, vue panoramique, tables en bois clair. Ici, c'est le domaine de Mélina, la femme de Charles, également passée par chez Marcon : "On va préparer le service de midi, mettre les tables jolies, propres, faire les fleurs... Donner l'âme du bus parce que là, tout de suite, il est un peu nul !" "Moi, je ne trouve pas !", répond Charles mais Mélina insiste. "Il est sans couleur, tout pâle, comme nous au réveil", lâche-t-elle dans un éclat de rire.
Deux services par jour, des menus entre 30 et 50 euros, trois à quatre semaines au même endroit, essentiellement dans la campagne du Puy-de-Dôme. Tiens, voilà justement les premiers clients. Mélina multiplie les aller-retour entre les deux étages et le rythme est très soutenu. L'exigence est élevée. Mais ça vaut le coup. En descendant du bus, les clients comme Bernard, Jacques et Monique sont ravis. "L'idée du bus, c'est épatant. Je pense qu'ils ont été géniaux. Ils sont inventifs et en plus, ils travaillent très bien. C'était recherché. Les assaisonnements, les sauces, ça vaut le déplacement !", s'enthousiasme Bernard. "On a déjeuné merveilleusement bien, j'ai dit à la patronne que je mettrai quatre étoiles", confie pour sa part Jacques. Monique n'en pense pas moins : "C'était merveilleux, c'était très bon, c'était formidable ! Je n'ai jamais connu ça. Je reviendrai."
Une belle récompense pour le Bus 26 de Charles et Mélina à qui les banques ont eu tant de mal à prêter de l'argent il y a trois ans. Aujourd'hui, le restaurant itinérant affiche complet pour les six prochains mois. Les maires des communes auvergnates se l'arrachent littéralement. Les amateurs de bonne cuisine aussi.
Chronique réalisée par Jean-Luc Boujon.