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Europe 1 vous propose une balade sur la Loire, entre Angers et Nantes. L'occasion de découvrir la faune du fleuve et l'histoire de la région sur le pont d'un bateau traditionnel. Reportage de notre correspondant dans l'Ouest, François Coulon.
Dans sa famille, les nouveaux-nés sont baptisés à l'eau de la Loire. Mathieu Perraud, 27 ans, est le représentant de la dixième génération des pêcheurs de Saint-Florent-le-Vieil. Il a grandi sur le pont du navire de son grand-père qui lui a appris le métier, les coins de pêche, mais aussi les dangers du fleuve royal. Embarquement à bord du "Vent d’Soulair". "Vous êtes embarqués dans un bateau typique des bords de Loire. Ça s'appelle une toue. Autrefois, il s'agissait de bateaux de marchandises. Il mesure 12 mètres par 3,50 mètres, et pèse un peu plus de 4 tonnes. Grâce à son fond plat, il n'a que 20 centimètres de tirant d'eau", explique-t-il aux passagers.
"Ici, sur la droite, on longe l'île Batailleuse. En ce moment, il y a des vaches sur l'île. On les amène par bateau au printemps et on vient les retirer à l'automne, avant les premières crues", décrit Mathieu. "Vous savez sans doute que vous naviguez sur le plus long fleuve de France, mais ce que l'on ne sait pas toujours, c'est que son bassin versant représente 1/5 du territoire français. C'est-à-dire qu'une goutte sur cinq qui tombe en France finit par passer ici", illustre le batelier. Il raconte aussi que le lieu est une "zone de reproduction de sternes, qu'on appelle aussi l'hirondelle de mer. Il ne faut pas y aller justement pour ne pas marcher sur les œufs".
"Vous avez vu ça ? On a des cassures très brutales sur le sable. Ça s'appelle des 'culs de grève', et c'est la première origine des noyades en Loire", met-il en garde. "C'est pour cela que la baignade est interdite aujourd'hui."
En longeant un village, Mathieu raconte : "Il faut savoir qu'au début du 19e siècle, ici, il y avait encore 70 pêcheurs professionnels dans le village. Aujourd'hui, sur toute la Loire, on n'est plus que 30 pêcheurs professionnels". "Le poisson que l'on pêche le plus ici, c'est un poisson migrateur qui s'appelle la lamproie. Elle a un régime particulier car à la place de la bouche, elle a une ventouse qui lui sert à se coller sur les autres poissons et à leur sucer le sang. Il y a aussi le silure, qui passe aisément les 2,50 mètres et les 100 kilos. C'est un poisson qui vient du Danube, et qui a été importé pour la pêche sportive il y a 25 ans. L'année dernière, j'en ai pêché plus d'une tonne. Dans les estomacs de silures, on a retrouvé des canards, des poules d'eau, des ragondins, des castors… Ça mange absolument de tout !"
Mathieu le conteur, qui finit par servir un verre de vin à tous les passagers, a séduit son équipage du jour. "On fait partie intégrante d'un tableau impressionniste", se réjouit l'un d'eux. "Il est passionné et passionnant. Pour un jeune pêcheur professionnel, je trouve ça sensationnel", renchérit une autre. Et pour que l’immersion soit totale, n'hésitez pas à vous plonger dans les Rimiaux du poète patoisant des bords de Loire, Emilie Joulain, Le gars Mile.
François Coulon