5:29
  • Copié
, modifié à

Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, l'instrumentalisation politique des faits divers, la situation en Israël et les mémoires de Pierre Richard.

Aujourd’hui, ce dont on parle et ce dont on ne parle pas dans la presse.

Commençons par ce dont on ne parle pas où si peu.

La détresse des agriculteurs.

Elle ne fait pas les gros titres, sauf ceux de la Dépêche du midi qui était au première loge. Périphérique toulousain complètement bloqué, pneus brulés et fumier déversé sur le parterre de la cité administrative, raconte le journal ce matin. Les agriculteurs ont exprimé tous leur désarroi face à l’augmentation des prix et le durcissement de la déréglementation sur les pesticides.

Déverser du fumier c’est le seul moyen d’enlever la merde dans les yeux du préfet, explique un manifestant au journaliste de la Dépêche.

Ce conflit vous n’en lirez pas une ligne ou presque dans la presse nationale, comme le sort des chrétiens du Pakistan.

Fort opportunément La croix a fait le choix de nous rappeler leur existence aujourd’hui. Ou plutôt des menaces qui planent sur leur existence. Qui se souvient qu’il y a trois mois des attentats avaient endeuillé cette petite communauté. Pas plus de 2% de la population qui souffre en silence, rappelle Arnaud Alibert dans son éditorial. Ils sont pris en tenaille entre la liberté religieuse qui leur est juridiquement accordée et le fait que l’Islam y soit la matrice principale de l’identité patriotique. En Occident, leur sort ne perce pas le silence sur le sujet.

Et puis il y a les sujets dont la presse parle enfin.

Parce qu’il aura fallu attendre 5 jours et une marche blanche pour que certains s’intéresse un tout petit peu  à la mort de Thomas, 16 ans, assassiné au cours d’une soirée dans un village apparemment tranquille.

C’est qu’après le drame, l’extrême droite étale sa Xénophobie, explique Libération qui consacre, enfin deux pages à l’évènement.

Et le Monde qui lui aussi sort de sa torpeur met en parallèle en page 10, comme s’il s’agissait d’actualité comparable, le meurtre de cet ado dans la Drôme et l’agression raciste d’un jardinier dans le Val-de-Marne. Et le journal de rendre ce jugement de Salomon : L’Extrême droite et LFI instrumentalisent chacun un fait divers.

Marine le Pen et ses proches n’ont pas réagi à l’agression dans le Val-de-Marne. Jean Luc Mélenchon et ses soutient n’ont rien dit du mort de la Drôme. Chaque communauté commente et se passionne pour son fait divers sans avoir même entendu parler de l’autre.

Le Monde ne nous explique pas en revanche pourquoi ces lecteurs ont donc dû attendre cinq jours pour avoir un article conséquent sur le sujet. Sans doute pour éviter de tomber dans le piège de ce que l’éditorialiste du Midi Libre qualifie de récupération politicienne honteuse.  

Mais quelle récupération politique, s’indigne Guillaume Tabard dans la Figaro.

Pourquoi certaines émotions ou colères seraient-elles salutaires parce qu’elles témoigneraient du refus de l’inacceptable ? Et pourquoi d’autres seraient-elles indignes parce qu’elle relèveraient de l’instrumentalisation politique ? S’interroger sur l’identité des auteurs de tels raids ne peut pas être un tabou, poursuit-il. Si dénoncer sans preuve est toujours condamnable, prétexter attendre la fin de l’enquête pour mieux ignorer le témoignage de ceux qui ont clairement entendu l’intention de « planter du blanc » relève du déni. Et Tabard enfonce le clou : Avait on attendu les résultats de l’enquête à Nanterre pour décréter à l’Assemblée Nationale une minute de silence pour Nahel ? Thomas lui n’y a pas eu droit. La prudence et la pudeur son à géométrie variable.  

Alors ce dont parle tous les journaux en revanche c’est de la situation en Israël.

Encore énormément de choses alors que tout le monde attend une libération d’otages.

Notez que L’Humanité fait un bon coup ce matin, le journal s’est procuré un document confidentiel rédigé par le quai d’Orsay et qui étrille la politique israélienne et évoque le droit des Palestiniens à l’auto-détermination. Un texte rédigé avant les attentats du Hamas et dont la publication aujourd’hui ne manquera pas de mettre la diplomatie française dans l’embarras. 

Et puis pour voir un peu de lumière au bout de ce long tunnel, lisez dans le Point l’interview passionnante de Yair Lapid. Ancien premier ministre et leader de l’opposition à Benyamin Netanyahu. Nous avons besoin de sécurité. Et lorsque nous l’aurons, nous pourrons discuter d’une solution à deux États, déclare-t-il.

Mais on va terminer avec une autre interview qui est un vrai rayon de soleil dans cette actualité pas très légère, celle de Pierre Richard. 

L’inoubliable grand blond publie ses mémoires et répond aux questions de François Forestier dans l’Obs.

"Vous dites dans le livre que vous avez joué Britannicus… On imagine mal…"

Moi aussi, répond Pierre Richard qui raconte l’histoire : "Une amie m’a demandé de lui donner la réplique et je me suis retrouvé à déclamer en face de Jean Vilar" : 

« Je vous entends Madame

Vous voulez que ma fuite assure vos désirs

Que je laisse un champ libre à vos nouveaux soupirs… »

Toute la salle s’est marrée, Vilar m’a prié d’aller me rhabiller.

 

C’est Yves Robert qui m’a tiré de là… Il m’a dit tu n’es pas un comédien tu es un personnage. Et il avait raison…
J’aurais aimé être Hamlet ou le roi Lear mais j’ai voulu être cigale conclu notre Pierrot Lunaire. J’ai choisi d’être léger, primesautier, de faire ce métier en m’amusant.

Une leçon de vie Dimitri…

Et c’est peut-être pour ça qu’il continue…
parce qu’un détail Pierre Richard a aujourd’hui 89 ans…