Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, la France rurale et la France citadine face à face après le drame de Crépol et les réactions de la presse après le décès du diplomate Henry Kissinger.
Ce vendredi matin, la presse retourne à Crépol.
À Crépol puis à la cité de la monnaie, d’où seraient originaires les agresseurs de Thomas. C’est le Figaro qui nous emmène dans ces deux France que tout sépare. L’une rurale de la classe moyenne tournée vers la nature et le rugby. L’autre citadine vivant dans une cité plus défavorisée.
Crépol, est historiquement plutôt à gauche, écrit Rozen Morgat. Mais depuis le meurtre de Thomas, les opinions politiques de certains vacillent. Sur le parvis de l’Eglise, elle rencontre Lisa qui lâche avec colère : « Politiquement j’ai toujours été modérée mais moi ce racisme anti blanc, il me donne envie d’être raciste en retour ».
17 kilomètres au sud maintenant, Roman-sur-Isère, 57.000 habitants avec l’agglomération.
Dans le centre-ville, le musée de la Chaussure raconte un passé industriel dynamique. À l’est, les bâtiments défraichis du quartier de la Monnaie ont été construits dans les années 60 pour accueillir la main d’œuvre des ateliers.
Louane, 58 ans, y a passé son enfance avec ses parents venus d’Algérie. « On vivait en harmonie avec les autre, raconte-t-elle, Italiens espagnols arabes, il n’y avait pas de trafic de drogue. À la maison, on était musulmans pratiquant mais aucune d’entre nous se voilait. Ma mère était fan des femmes françaises chics, nous on voulait ressembler à Catherine Deneuve ».
Le délitement date des années 90. Le Traffic de drogue a fait plonger la cité. Aujourd’hui il y a aussi ces petites bouteilles de cuivres qui jonchent le sol. "L’Azote, ça les shoote complétement, certains matin je les vois tôt, défoncés, ils reviennent juste de leur soirée", raconte un habitant. Reportage du Figaro.
Et puis, ce dossier dans Marianne en forme de cri d’alarme.
Ras-le-bol d’avoir peur, s’exclame l’hebdomadaire en Une qui titre "Comment l’ultra violence détruit la France".
Dans ces colonnes, ce qui frappe Natacha Polony, c’est l’usage de plus en plus courant du couteau face à des individus désarmés.
Ce que confirme Jérôme Fourquet dans le Point.
Ce recours au couteau, explique ce fin observateur de la société française, porte la marque d’une violence désinhibée et de la disparition de tabous moraux chez des individus n’hésitant pas à donner la mort pour des motifs souvent dérisoires.
Enfin, si vous estimez que ces propos ne sont que les fruits corrompus d’une presse d’Ultra droite, jetez un coup d’œil à l’Obs. Le grand hebdomadaire de gauche consacre sa Une à ces jeunes de 16 ans qui deviennent tueurs à gages pour les trafiquants de drogues. Un phénomène qui sidère les autorités françaises, écrit Violette Lazard. Elle a ainsi interviewé le nouveau Procureur de Marseille. « Le monde a changé affirme ce spécialiste de la criminalité organisé. Le milieu du Grand banditisme corso-marseillais contre lequel les magistrats de ma génération luttaient, a totalement disparu. Il a été submergé par la vague des narcotrafiquants. La réalité de la criminalité organisée en France est digne des pires fictions.
L’actualité aujourd’hui c’est la présence d’Emmanuel Macron à la Cop 28.
L’occasion pour vos gazettes de dresser un bilan de l’action écologique du chef de l’État. Et les avis sont bien évidemment partagés. Libération voit en Emmanuel Macron un vert sans fond. Perçu comme écolo dans de nombreux pays, il déçoit au moment d’agir.
Dans le Figaro, Guillaume Tabard voit lui le vert à moitié plein.
Dans de nombreux domaines, Emmanuel Macron se voit reprocher de ne briller qu’en communication. En matière d’écologie c’est l’inverse, écrit-il. Les décisions sont là mais l’exécutif ne réussit pas à en convaincre l’opinion.
Et puis à propos de verts, lisez la longue Interview de François Gémènne dans Les Échos.
Ce membre du Giec y décrypte très bien les enjeux de cette COP. Au passage, il explique pourquoi il a quitté le parti écologiste.
Les Verts souffrent d’un grand manque d’empathie et d’une incapacité à se mettre à la place des gens, déclare-t-il. Pour eux, l’écologie n’est que sacrifices et renoncements. Ils sont déconnectés de la population.
Sinon toute la presse rend hommage à Henry Kinssinger.
Oui enfin hommage, c’est vite dit… À peine décédé, L’Humanité assassine une deuxième fois l’ancien chef de la diplomatie américaine et dénonce ce « prix Nobel du Cynisme ».
"Kissinger c’était la mauvaise conscience de l’Amérique", écrit joliment Libération.
Mais s’il n’y a qu’un seuil portrait que vous devez lire choisissez celui du Monde, écrit par Henri Pierre.
Henri Pierre fut correspondant à Washington dans les années 50 et il est décédé en 1994, c’est donc un article d’outre-tombe.
« Kissinger citait souvent Goethe pour qui « mieux vaut une injustice qu’un désordre résume feu notre confrère qui souligne aussi l’esprit facétieux et assez content de lui de ce prince de la diplomatie.
À un journaliste qui lui demandent comment il veut être appelé, il répond en souriant « simplement excellence… ça suffira »
Après ce centenaire, on va terminer avec Schnock.
Schnock, c’est un trimestriel très drôle qui s’adresse aux vieux de 27 à 87 ans et qui s’intéresse avec légèreté à tous ce qui est emblématique pour les boomers. À la Une du dernier numéro : Bourvil.
Et pour en parler le magazine à lui aussi exhumé un article de l’au-delà. Celui que Barjavel écrivit dans le JDD le 27 septembre 1970.
On ne résistait pas à sa gentillesse sur l’écran. On a beaucoup parlé de sa bonté, mais la gentillesse est plus difficile et plus précieuse que la bonté. Bourvil dans toutes sa carrière n’a jamais fait rire aux dépens des autres mai seulement de lui-même.