La «remontada» de la gauche

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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour.

Surprise surprise...

 

Et pour certains le deuxième tour de ces législatives est un évènement aussi joyeux qu’une victoire en finale de championnat de France de Rugby.

« Et à la fin c’est la gauche qui gagne » triomphe ainsi depuis Toulouse la dépêche...

Je vous parle de sport mais ce matin, l’Equipe fait semblant de commenter une nouvelle victoire française sur le Tour pour s’exclamer en une manchette très politique : « Surprise totale »

« La gauche crée la surprise rectifie » Ouest France.

« La Gauche en position de force » titre à Bordeaux Sud Ouest...

« C’est le Retournement national » s’amuse aussi La Montagne à Clermont Ferrand.

Voilà pour ces titres dans des régions traditionnellement ancrée à gauche. Autant de journaux qui font les comptes et tiennent la liste de ces candidats qui font un carton et ceux qui doivent faire leur carton comme l’écrivent certains esprits malins.

Bref la gauche rigole et l’extrême droite broie du noir.

 

Pourquoi un tel gadin ?

« La Claque » c’est le titre des Echos ce matin au-dessus d’une photo de Jordan Bardella les yeux mi-clos comme sonnés par les résultats d’hier.

Car l’autre fait marquant de la soirée c’est la défaite du Rassemblement national. « Le RN en échec » reconnait ainsi le Figaro en une.

Alors pourquoi un tel gadin ? Eh bien on n’a pas fini de s’interroger. Et se demander aussi au passage pourquoi les sondages se seront autant plantés...

Mais dans le Dauphiné libéré, Guy Abonnenc à une hypothèse qui se tient : « Si les européennes ont fonctionnés comme un référendum anti macron écrit-il, les législatives auront tournés au référendum anti RN ». Et le résultat est en tous cas cinglant pour Jordan Bardella.

Dans les Dernières nouvelles d’Alsace à Strasbourg, Pascal Coquis écrit : « Au-delà de la Remontada de la gauche et de l’étiolement de la Macronie, la leçon principale est que le RN fait encore peur à une très grande majorité de français pour lesquels il reste un parti dangereux ».

« On sait ce matin ce que les Français ne veulent pas » écrit aussi Nicolas Beytout à la une de l’Opinion, mais ajoute-t-il : « on ne sait pas ce qu’ils veulent... Ce résultat est assurément catastrophique pour la France, pays divisés et désormais bloqué ».

 

Plus de questions que de réponses

Et le constat est assez largement partagé, car l’enthousiasme de la gauche va être de courte durée indique la voix du Nord à Lille : « La Gauche devant, et maintenant ? » s’interroge le journal. C’est la surprise et le flou reconnait aussi le Midi Libre à Montpellier.

Dans l’éditorial qu’il signe dans le Parisien Aujourd’hui en France, Nicolas Charbonneau souligne cette situation paradoxale ce matin :

« C’est assez déroutant quand on y songe... On a voté mais on ne sait pas si on a gagné ou non... Parce qu’on ignore qu’elle sera la politique mise en œuvre ».

ET oui les questions sont plus nombreuses que les réponses. Et LA grande interrogation sert d’ailleurs de gros titre à la Provence

« Qui pour gouverner » s’interroge le journal...

Bien malin qui pourra le dire.

Dans le Parisien, le politologue Bruno Cauteres estime qu’il sera difficile au Président de ne pas proposer Matignon à des personnalités de gauche ou qui représentent un point médian de la gauche.

Et à la une de Ouest, Stéphane Vernay, la foi démocrate Chrétienne chevillée au corps veut y croire : « La gauche et les écologistes unis peuvent obtenir beaucoup à condition de composer avec le bloc central et la droite écrit-il... Merci à celle et ceux qui aspirent à nous diriger d’y penser ».

 

« Lui, il nous rend service ! »

Evidemment tous les regards se tournent vers l’Elysée...

Et c’est dans le Figaro, que l’on nous raconte la soirée d’Emmanuel Macron :

Les reporters du service politique du journal explique qu’avait pris place autour de lui : Alexis Kohler, Richard Ferrand, Julien Denormandie, François Patriat ou encore Thierry Solère.

« Au moment où Jean Luc Mélenchon s’exprime le président s’exclame, « lui il nous rend service ! » Emmanuel Macron qui ne croyait pas en prononçant la dissolution que la gauche reconstituerait une alliance aussi vite... compte sur les tensions au sein du Nouveau Front Populaire pour arrimer à lui la partie la plus modéré »e.

« On va laisser la gauche exploser » commentait un autre participant de la soirée.

Le chef de l’Etat compte aussi relancer ses assauts sur les LR raconte encore le journal.

Ah oui ? Eh bien gare au choc lui prédit Alexis Brézet à la une du même Figaro.

 

 

Onze mois et un jour

« Dans ce hiatus démocratique, mijotent déjà la colère des électeurs RN qui ont le sentiment qu’on leur a volé leur élection, mais aussi la frustration de ces français du centre et de la droite hostile à Marine le Pen mais qui ne se sentent pas socialiste pour autant ».

Une chose est sûre, la France s’installe et pour longtemps dans une période d’instabilité politique dont la 5eme République semblait devoir nous prémunir ».

Alors que nous réserve l’avenir bien malin qui le dira. Jusqu’au 18 juillet prochain il ne devrait pas se passer grand-chose...

Et les Echos nous rappellent que, seule certitude. Il ne peut y avoir de nouvelle dissolution avant le 9 juin 2025. Soit onze mois et un jour. Et quelque chose me dit que cela risque de passer aussi vite qu’une saison de championnat de rugby.

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