Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, la nomination de Gabriel Attal à Matignon et la composition de son futur gouvernement.
Les saucisses de Bismark.
C’est dans l’Opinion que vous lirez cette analogie entre la politique et la charcuterie. Otto von Bismark avait coutume de dire que si les Allemands savaient comment on fabrique les saucisses, ils cesseraient probablement d’en manger, raconte Corinne Lahik. Une façon d’expliquer qu’il ne faut pas trop aller voir dans les arrière-cuisines pour voir comment la politique est fabriquée.
Et pourtant ce matin vos journaux vous y emmènent parce que les remaniements sont un moment où justement on découvre comment se cousent et se décousent les destins, écrit-elle.
Premier constat, pour passer d’Elisabeth Borne à Gabriel Attal, Emmanuel Macron aura donné le sentiment d’une main qui tremble.
Dans le Figaro Louis Hausalter raconte ce moment surréaliste à l’Élysée lundi soir alors que le président hésitait encore, ce sont les bandeaux des chaines d’info annonçant l’arrivée d’Attal et le bon accueil des commentateurs qui auraient précipité sa décision.
Place au jeune !
En tous cas, raconte aussi Olivier Beaumont du Parisien, ce n’est qu’après les 12 coups de minuit que le Président a pris son téléphone pour prévenir Gabriel Attal.
Pourquoi raconter cela ? Eh bien pour nous dire que cette nomination s’est faite dans la douleur : François Bayrou était contre, Richard Ferrand plaidait pour Julien Denormandie, Alexis Kohler et Edouard Philippe auraient préféré garder Elisabeth Borne, affirme le Figaro. "C’était la révolte des Boomers, rigole un proche du chef de l’Etat, et c’est le symbole que Gabriel Attal incarne un changement de génération".
Le jeune âge de Gabriel Attal c’est d’ailleurs la première chose que souligne les quotidiens.
« Vent de Jeunesse à Matignon » titre par exemple le Bien public à Dijon. C’est « le jeune Premier », annonce l’Indépendant à Perpignan, « la carte jeune s’amuse le Parisien aujourd’hui en France ».
En fait, ce matin la nomination de Gabriel Attal est bien accueillie à droite.
Témoin cet édito dithyrambique de Vincent Tremollet de Villers à la Une du Figaro qui s’esbaudit du « phénomène Attal ». « C’est la ligne claire : cohérence dans les décisions, efficacité dans l’exécution. La dynamique montrée par le jeune ministre est la bonne -écrit-il-, son succès fulgurant dans les sondages en témoigne ».
Le journal publie d’ailleurs une enquête Odoxa qi indique que cette nomination est approuvée par 53% des Français.
Même son de cloche dans les Echos où Etienne Lefebvre estime que « le pari Attal peut être gagnant. Il sait faire de la politique et sa parole sera davantage écoutée que les discours monocordes d’Elisabeth Borne ».
« Vieux dans sa tête »
Alors à gauche en revanche, l’accueil est beaucoup plus mitigé pour ne pas dire franchement hostile.
« Le Clone » c’est le titre de l’humanité. Pour qui Macron et Attal c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Oui « un clone chargé d’appliqué la même politique de casse sociale » écrit le quotidien communiste…
Même tonalité dans Libération « C’est Macron à Matignon ! » titre le journal… Il a choisi « le cadet de ses sosies » ajoute-t-il très en verve.
"Le cadet" Dans son éditorial Paul Quinio reconnait effectivement qu’a 34 ans le Premier ministre est jeune. « Mais il ne l’est pas dans sa tête » ajoute-t-il. Et de dénoncer ses « convictions conservatrices. En fait rien ne change en Macronie, avec Attal à Matignon le virage à droite se confirme ».
Alors seul point positif pour Libération tout de même, en page 5 le journal indique que c’est le premier, chef de gouvernement ouvertement homosexuel. Gabriel Attal l’avait évoqué de lui-même en 2019 alors que Libération lui consacrait un portrait raconte Quentin Girard… Il est en couple avec Stéphane Séjourné. Est ou était, car l’actuel patron de Renaissance a refusé de confirmer ou démentir une éventuelle séparation…. Mais dans le fond aucune importance, conclu Libération.
Aucune importance, mais le quotidien y a quand même consacré une demi-page !
Du petit écran au ministère de la Culture ?
Ce qui est important en revanche, c’est la composition du gouvernement. Nous n’aurons rien avant vendredi et encore si les choses se passent bien indique l’Opinion. Il y aura d’abord une première salve d’une dizaine de ministres de plein exercice avant les seconds couteaux.
D’ailleurs, l’équipe gouvernemental pourrait être resserrée autour de quelques grands pôles.
Attal ne cumulera pas Matignon et l’éducation nationale croit savoir le Parisien. Le Maire et Darmanin seraient maintenus à leur poste. Ce qui ne devrait pas être le cas des conjurés Clément Beaune, Patrice Vergriete et Rima Abdul Malak. D’ailleurs un nom circule déjà pour la remplacer à la culture : Celui de Claire Chazal, nous apprend le Figaro.
Ce serait la touche people du gouvernement, même s’il n’y a rien de tel pour torpiller une touche people que de balancer son nom, trois jours avant une éventuelle nomination.