Chaque matin, Natacha Polony nous présente les différents éditos qui font la Une de la presse.
La ristourne, c’est une dérogation à la règle, un cadeau, une faveur. Il n’est pas anodin de choisir ce mot pour désigner une baisse d’impôt annoncée. "Si une ristourne d’impôt sur le revenu est décidée, juge ainsi Didier Rose dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, ce sera le signe de l’immense gêne du pouvoir à l’heure de son bilan". D’autant, ajoute-t-il, qu’« une étude vient encore de confirmer l’effet récessif de la flambée des impôts, jugée inconciliable avec un recul du chômage. Le financement même du soutien à l’activité s’est appuyé sur les contributions des particuliers. Pour chaque euro économisé par les entreprises sur leurs charges, deux euros ont été prélevés chez les ménages."
En fait, tout le monde sent bien que, si l’on veut parler du sens de l’impôt et de sa juste répartition, c’est un peu plus loin qu’il faut regarder. Au-delà de nos frontières, dans ces flux financiers qui se jouent des Etats. Très loin des ménages et des PME, il y en a que l’impôt fait bien rire. "L'évasion fiscale - et sa version présentable, l'optimisation - est un adversaire qui ne désarme jamais, écrit David Carzon dans Libération. Peut-être parce que ceux qui en font le lobby ont réussi à nous faire croire au fil du temps qu'il s'agissait au pire d'un mal nécessaire, au mieux d'un outil efficace pour pouvoir lutter à armes égales dans cette grande compétition mondialisée qu'est l'économie." Dans l’Opinion, Rémi Godeau s’extasie devant la réaction de Bruxelles qui enfin se fâche tout rouge contre le dumping fiscal irlandais et l’opportunisme d’Apple. Mais attention, nous dit-il, "les Vingt-huit ne sont pas à l’abri d’une contre-publicité sur leur attractivité si Apple démontrait qu’elle doit payer pour les ambiguïtés européennes." Alors que le chômage de masse et le matraquage fiscal des ménages et des PME, ce n’est pas une contre-publicité : les manants ne peuvent pas se délocaliser.