Chine : la pression toujours plus forte sur la communauté des Ouïghours

Ouïghours, Chine, JOHANNES EISELE / AFP 1280 5:12
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SAISON 2017 - 2018, modifié à

Certains membres de cette communauté musulmane de Chine occidentale sont arrêtés de façon arbitraire et envoyés en "camp de rééducation". Certains anciens détenus ont commencé à témoigner.

Direction la Chine d’abord, où la pression est de plus en plus forte sur la communauté musulmane Ouïghour. On vous a déjà raconté comment le régime les fiche, mais on les envoie aussi en camp de rééducation. Et certains ex-détenus commencent à témoigner…

C’est ce que l’Etat chinois appelle la "transformation par l’éducation". Il s’agit de remodeler la pensée des Ouïghours, cette minorité de la Chine occidentale, dans la région du Xinjiang. Vous savez, c’est une ethnie plus proche, culturellement et linguistiquement, des Turcs que des Chinois de l’ethnie Han. Et ces dernières années, une minorité de la minorité ouïghour a basculé dans l’extrémisme, résistant de manière violente à la domination de Pékin. Ce qui sert de prétexte à cette immense opération de lavage de cerveaux : des détentions arbitraires, souvent au secret et sans inculpation, qui peuvent durer des jours, des mois ou des années. Les rares qui parlent racontent les heures d’endoctrinement, d’étude de la propagande communiste, des chants et slogans à la gloire du président Xi. On dort et on mange seulement si la récitation est bien apprise. Et les rebelles sont menottés, pieds et poings. Ils peuvent subir des simulations de noyade et autres tortures. Certains Ouïghours sont morts en détention.

Il y a évidemment une grande opacité entretenue par Pékin. Comment ces informations sortent-elles ?

Surtout grâce à des chercheurs comme Adrian Zenz, basé en Allemagne, qui a publié la semaine dernière un rapport sur cette persécution des Ouïghours. Selon lui, les détentions dans ces camps entourés de barbelés, avec portes blindées et salles de gardes, pourraient concerner plus d’un million de personnes. Pékin nie l’existence de ces camps, mais le chercheur a repéré des appels d’offre pour en construire de nouveaux dans plus de 40 localités du Xinjiang. Et certains immenses : l’un d’eux doit faire 80.000 mètres carrés. Appel aux entreprises de construction, appel au recrutement de personnel aussi ayant des compétences en "psychologie criminelle" ou une formation policière.

Ces camps, c’est l’ultime outil d’un système de surveillance très élaboré…

Oui, une surveillance omniprésente, jusqu’au cœur des foyers ! Cette fois c’est Human Rights Watch qui raconte que plus d’un million de cadres du Parti Communiste sont envoyés dans les familles musulmanes, dans leurs maisons. Ils s’invitent, pas moyen de dire non. Et pendant une semaine ils partagent les repas et les chambres à coucher, dispensent la bonne parole et font des rapports, notamment sur les signes religieux qui pourraient persister. Un professeur d’histoire spécialiste des Ouïghours écrivait la semaine dernière dans le New York Times que le Xinjiang devenait "un état policier rivalisant avec la Corée du Nord, avec un racisme formalisé à la façon de l’apartheid sud-africain".

Et puis peut-on avoir une très belle maison, avec piscine, et défendre les plus pauvres ? C’est une question que se posent les membres de Podemos, les cousins espagnols des Insoumis de Jean-Luc Mélenchon. Henry de Laguérie, vous êtes à Barcelone pour Europe 1. Le couple dirigeant de Podemos est en effet sur la sellette après l’achat d'une villa. Elle est si luxueuse que ça ?

C’est une grande villa située à 40 kilomètres de Madrid, pas loin de la montagne dans un quartier huppé. Elle dispose d’une piscine, d’un terrain de 2.000 mètres carrés et même d’une annexe pour recevoir des invités. Pablo Iglesias, le leader de Podemos et sa compagne Irene Montero, la numéro deux du parti, veulent s’éloigner de Madrid pour élever les jumeaux qu’ils attendent. Ils ont donc acheté cette maison pour 600.000 euros.

C’est beaucoup, mais encore plus pour les Espagnols ?

Oui dans un pays où le Smic s’élève à 800 euros, c’est un montant très élevé et surtout c’est un investissement qui ne cadre pas du tout avec le discours de Podemos. Depuis des années, l’indigné Pablo Iglesias dénonce la caste qui dirige l’Espagne comme "une élite déconnectée des réalités". Il y a quatre ans, voilà d’ailleurs ce qu’il disait à propos d’un ministre pour le discréditer : "Est-ce que tu laisserais les manettes de l’économie à quelqu’un qui paie 600.000 euros pour un appartement de luxe ?" L’opposition s’est donc délectée de cette affaire, reprochant au couple son hypocrisie et son incohérence. Sur les réseaux sociaux, les critiques fusent. Et même à l’intérieur du parti, certains se sentent trahis. "Je n’aurais sûrement pas acheté une maison pareille", a expliqué le maire de Cadix, membre de Podemos, qui précise que lui, continuera à vivre dans son petit appartement de location.

Ça peut leur coûter cher (politiquement) ?

Oui face à l’ampleur de la polémique, le couple a décidé de consulter les adhérents de Podemos. Les 500.000 inscrits du parti doivent dire si oui ou non ils soutiennent leurs dirigeants. Le référendum électronique a commencé ce matin et va durer cinq jours. S’ils perdent, les dirigeants quitteront le devant de la scène.

La Belgique a lancé une grande campagne en Asie du sud-est, pour faire la promotion de la frite belge !

Vous savez que les baraques à frites belges font partie du patrimoine culturel immatériel et pourtant à l’étranger, dès qu’on passe en anglais, on parle de "french fries", les frites françaises. Le secteur belge de la pomme de terre a bien l’intention de rester leader dans l’exportation de frites surgelées. D’où cette campagne de trois millions d’euros tout de même.