François Clauss, Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.
Antonin André, expert politique
Dans cette interview aux Échos, François Hollande évoque longuement la politique étrangère, l’Europe bien sûr mais aussi les élections américaines et il prend parti contre Donald Trump.
C’est inédit qu’un président en exercice s’ingère dans la campagne électorale d’un pays étranger avec autant d’engagement. François Hollande nomme le danger : les slogans de Donald Trump diffèrent peu de ceux de l’extrême-droite en Europe et en France, notamment sur la peur de la déferlante migratoire et la stigmatisation de l’Islam. Allusion notamment à cette phrase de Donald Trump: "moi élu, plus un seul musulman n’entrera sur le territoire américain". Et François Hollande met en garde : son élection compliquerait les rapports entre l’Europe et les États-Unis, le président Français par avance évoque une dégradation des rapports diplomatiques avec l’Amérique de Trump. Consigne de vote de François Hollande aux américains : le meilleur service que peuvent rendre les démocrates c’est de faire élire Hillary Clinton, C’est clair.
Pourquoi une telle prise de position publique, dont on imagine qu’elle va être relayée aux États-Unis, et peut d’ailleurs être peu appréciée par les électeurs américains.
François Hollande est en campagne, il fait de la politique en tissant un lien entre les populismes : Donald Trump, partisans du Brexit, Front National. Le Danger de la vague d’extrême droite qui menace notre mode de vie et notre bonne gouvernance. François Hollande désigne l’ennemi, il le nomme et en prenant parti dans la campagne américaine, il fait campagne en France. Prendre parti c’est être partisan et nom être en surplomb, sur son devoir de réserve qui est la posture qu’on attend d’un président. Un ton de campagne que l’on retrouve dans l’utilisation des images très fortes, très tranchées pour évoquer les conséquences de cette montée du populisme que ce soit aux États-Unis ou en Europe lorsqu’il évoque le Brexit : "La démocratie n’est pas une partie de poker surtout quand ceux qui jouent engagent des partenaires qui ne sont pas autour de la table".
François Hollande se pose donc en rempart contre ces joueurs de pokers et ces populistes. Donald Trump en Amérique ou Marine le Pen en France, c’est évidemment une posture très fédératrice pour la gauche, mais cette interview dans les Échos marque un tournant, c’est la première grande tribune du candidat à l’élection présidentielle de 2017.