Axel de Tarlé, Anne Le Gall, Jean-Philippe Balasse et Antonin André font le point sur l'actualité du jour.
Alex Taylor, expert international
Une étude étonnante qui vient de sortir conclut que nous devons accueillir beaucoup plus de migrants.
"The future of Europe", ce n'est pas d'une énième ONG mais de la banque suisse UBS, pas réputée pour ses prises de position humanitaires. La conclusion est on ne peut plus claire. Si les Européens veulent la croissance et que leurs retraites soient payées, seule solution : il faut doubler illico presto le nombre de migrants et accueillir en moyenne 1,8 million par an dans les dix prochaines années.
Ce n’est pas tous les jours qu’on entend cela
C’est assez logique. Le Vieux continent est justement de plus en plus vieux. L’âge moyen fait des bonds en avant, les taux de fécondité calent, et l’économie ne s’améliore pas des masses. L'Union Européenne est le plus grand marché du monde, mais plus pour longtemps. On risque de perdre ce statut déjà dans les 10 années à venir. Le problème est que dans le court terme un migrant c’est coûteux, 12.000 euros par an en Allemagne pour l’héberger et le former. Ce chiffre est réduit à zéro après 5 ans, puis après, la personne devient "rentable" et commence à payer des impôts. L’étude cite la politique plus ouverte des États-Unis, un million de green cards (droit de travailler) par an depuis longtemps déjà pour une population de 320 millions, nettement moins que nos 500 millions.
Anne Le Gall, experte innovation
Innovation : des chercheurs allemands ont mis au point de petits moteurs pour booster la fertilité des hommes.
Ce sont des moteurs pour spermatozoïdes. Car un couple sur 10 environ connait des difficultés à procréer aujourd'hui, et l'une des causes les plus fréquentes, c'est la trop faible mobilité des spermatozoïdes. Ils n'arrivent pas à atteindre l'ovule pour le féconder. D'où cette idée de scientifiques allemands, de fabriquer une minuscule hélice de 0,05 millimètre pour aider les spermatozoïdes les moins vaillants à atteindre l'ovule à féconder.
Mais elle ressemble à quoi cette hélice?
C'est une minuscule spirale qui avance en tournant, elle possède un micromoteur et on peut la piloter à distance par un champ magnétique. Elle est conçue pour s'enrouler autour de la flagelle du spermatozoïde pour l'aider à avancer vers l'ovule. C'est comme un moteur sur un bateau, sauf qu'une fois la destination atteinte, cette hélice se sépare du spermatozoïde en tournant en sens inverse, pour que la fécondation se passe normalement.
Et quel est l'intérêt ? C'est plus efficace que les techniques actuelles de FIV ?
Pour l'instant, avec les spermatozoïdes motorisés atteignent l'ovule dans un tiers des cas (les tests ont eu lieu en éprouvette). Alors c’est pas mal, mais les chercheurs espèrent surtout qu'à terme ces spermatozoïdes à moteur évolueront non plus dans des éprouvettes mais à l'intérieur du corps de la femme pour féconder l'ovule jusque dans les trompes. Ça permettrait de ne plus avoir à prélever des ovocytes pour réaliser une fécondation in vitro, donc à l'extérieur du corps de la mère.
Antonin André, expert politique
Le mea culpa de Nicolas Sarkozy. Il l’annonce sur son compte Facebook, il sort un livre, en librairie lundi prochain, qui a été écrit dans le plus grand secret. Un livre très personnel, dit-il dans lequel il revient sur ses réussites mais aussi sur ses erreurs.
La France pour la vie, un livre écrit dans le plus grand secret. Nicolas Sarkozy a commencé à l’écrire l’été dernier, par bribes et il l’a achevé fin décembre. Un livre rédempteur, en tous cas annoncé comme tel par ses proches, dans lequel Nicolas Sarkozy jette un regard critique sur son action. Des 35 heures qu’il n’a pas réformées à sa vie personnelle qu’il a exposée, le "bling bling", un inventaire face aux Français : "Si je me suis trompé, je l’admets". Il nous avait fait "J’ai changé" mais encore jamais "Je me suis trompé". Le livre tiré à 100.000 exemplaires sera dévoilé lundi, en même temps qu’un site internet dédié.
C’est un méa culpa qui lui ressemble assez peu. Il lui a fallu quatre ans pour regarder en face son bilan et faire son autocritique. Ses proches, conseillers, amis, considèrent qu’il aurait dû le faire dès la campagne de 2012. Que son refus de le faire à l’époque lui a coûté la victoire. Depuis c’était un sujet tabou, personne n’osait plus lui en parler mais aujourd’hui Nicolas Sarkozy n’a plus le choix. Parce que si ce n’est lui qui l’exerce ce droit d’inventaire, ce sont ses ennemis qui s’en chargeront pour lui : François Fillon ou Bruno Lemaire. Charité bien ordonnée commence par soi même.
Et puis c’est un coup de poker. Ce livre et le plan média qui va l’accompagner va nous vendre le nouveau Sarkozy. Un Nicolas Sarkozy tel que les Français ne l’ont jamais vu. On ne doit pas être dans l’opération de com’ mais dans la révolution intérieure sinon ça ne marchera pas. Mesurez bien le handicap qu’il a à remonter : dernier sondage en date, à 21% d’intentions de vote chez les sympathisants de droite, Alain Juppé est à 45%, plus du double. Ce livre c’est sa dernière carte alors même que ses plus proches, ses amis doutent aujourd’hui de sa victoire.
Axel De Tarlé, expert économie
Malgré les attentats, la France reste la première destination touristique mondiale selon l'annonce de l'Organisation mondiale du Tourisme. C'est très contre-intuitif car on sait que les actes terroristes ont fait fuir nombre de touristes. Ce qui est surprenant c'est que l'Organisation mondiale du Tourisme a annoncé la première place de la France sans donner les détails des chiffres, en ne publiant que les résultats préliminaires.
La France accueille 84 millions de visiteurs chaque année et si l'on regarde la composition des touristes, ça donne par nationalité : 13 millions d'Allemands, 12 millions d'Anglais, 10 millions de Belges, sept millions d'Italiens, six millions de Suisses, six millions d'Espagnols, six millions de Hollandais, trois millions d'Américains et 1,7 million de Chinois.
Les Européens n'ont donc pas arrêté de venir en France. Au contraire, le patron d'Eurotunnel expliquait qu'en Grande Bretagne, avec les attentas, les Anglais rechignaient à prendre l'avion pour aller en Égypte ou ailleurs, et privilégiaient désormais les destinations de proximité comme le Nord de la France.
Pourtant, les professionnels du tourisme se plaignent d'une chute de la fréquentation. A Paris par exemples, les réservations dans les hôtels ont chuté de 30%.
Ceux qui ne viennent plus, ce sont les gros dépensiers. Comme les Japonais qui ont un budget de 200 euros par jour sur une semaine, ce qui est un véritable record. Leur réservation a diminué de 30% depuis les attentats. Les Japonais dépensent donc bien plus qu'un Hollandais de passage qui va s’arrêter une nuit au camping ou au Formule 1 avant de partir en Espagne. Il sera quand même comptabilisé comme touriste.
En volume, il y a donc toujours beaucoup de touristes mais en recette, c'est une mauvaise année avec seulement 45 milliards, ce qui classe la France à la troisième place. 2016 ne devrait pas être une bonne année non plus. L'Organisation Mondiale du Tourisme estime cependant que l'impact des attentats pourrait ne pas durer très longtemps. C'est ce qu'on avait constaté à Madrid, en 2004, après les attentats de la gare d'Attocha.