La mort programmée d’Air France et l’homme qui terrifie Jean-Luc Mélenchon : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.

Antonin André, expert politique

La politique c’est Jean-Luc Mélenchon, l’homme qui monte à gauche. Sa marche des Insoumis a rassemblé près de 10.000 personnes, il talonne François Hollande dans les sondages et il est convaincu qu’il peut le devancer. Sa seule crainte c’est qu’un autre candidat entre dans la course, un candidat écologiste.

Nicolas Hulot représente 42% de côte de sympathie dans un récent sondage Odoxa, devant Alain Juppé notamment. Un homme qui lie crise écologique et pauvreté dans le cocktail explosif qui menace notre société. Nicolas Hulot qui rassemble la gauche, toute la gauche : de Cécile Duflot à certains Verts, en passant même par certains socialistes - comme Benoît Hamon - et certains communistes.

Le PCF a donné des consignes à ses maires pour les fameux parrainages à la présidentielle. Choix numéro 1 : Pierre Laurent, le secrétaire national du parti. Choix numéro 2 : Nicolas Hulot, devant Arnaud Montebourg et en dernier lieu Jean-Luc Mélenchon. Même Olivier Besancenot pourrait se laisser séduire si Nicolas Hulot se lançait. Lui réfléchit et se donne jusqu’à décembre pour décider. En attendant, la petite équipe autour de lui se structure pour commencer la collecte des parrainages, au cas où.

Quels rapports y-a-t il entre eux du coup ? Est-ce que Jean-Luc Mélenchon fait de Nicolas Hulot une cible ? Est-ce qu’il essaye de le décourager ?

Non c’est tout le contraire, Jean-Luc Mélenchon ne dit que du bien de Nicolas Hulot. "C’est un homme pour qui j’ai de l’estime, il ferait du bien au champ politique. Quoi qu’il fasse, je ne le critiquerai pas". Un très joli numéro de séduction, doublé d’un discours plus écolo que moi tu meurs. Dimanche dans son discours, Jean-luc Mélenchon a consacré près d’un tiers de son propos à l’écologie. Il reprend toute la thématique développée dans le film alarmiste de Nicolas Hulot, le syndrome du Titanic sorti en 2009 sur la combinaison des crises écologique, économique, sociale et culturelle. Il est tellement écolo qu’il prône désormais une alimentation sans "protéines carnées" pour reprendre ses termes : sans viande en clair.

Pourquoi le rouge se verdit à ce point tout en jetant des fleurs à Hulot ? Parce qu’il rêve qu’Hulot du coup n’y aille pas et le rejoigne, le soutienne. Qu’il entre dans la campagne présidentielle à ses côtés, un rêve réaliste car Nicolas Hulot avait voté Mélenchon en 2012, parce qu’il était le seul selon lui à articuler régulation de la finance et planification écologique. Le ticket Mélenchon-Hulot pourrait bien devenir le cauchemar de François Hollande.

Axel de Tarlé, expert économie

Une grève va débuter à Air France, à partir de samedi, en plein Euro de football. Elle doit durer quatre jours, soit jusqu'à mardi. Les pilotes sont très remontés et ont même voté le principe d'une "grève longue" reconductible.  Chez Air France, on est un peu dépité par ce mouvement qui ne concerne que quelques 2.000 pilotes qui ont voté la grève sur un effectif total d'Air France de 70.000 personnes.

Que demandent les pilotes ?

Leurs exigences sont jugées irréalistes par la direction : quatre milliards d'investissement et de hausses de salaires de 11 % sur deux ans. Le tout pour des gens qui sont déjà très bien payés, jusqu'à 19.000 euros par mois pour un commandant de bord en fin de carrière. Au-delà de leur revendication, ce qui choque, c'est cette impression que les pilotes sont dans leur bulle, déconnectés des réalités économiques d'une compagnie qui sort de sept années de déficit et qui est attaquée par les low cost, les compagnies du golf.

De fait, c'est ce qui se passe. Les pilotes, sont dans les airs, et très peu en contact avec les autres salariés du groupe. En fait, les pilotes ont confié la défense de leur intérêt privé au SNPL, le syndicat de pilote, un syndicat catégoriel qui se sert de l'Euro pour servir ses intérêts. Sauf que le monde a changé explique la direction. Aujourd'hui, il y a beaucoup de choix, de concurrence et les passagers peuvent se passer d'Air France.

Alexandre de Juniac parle carrément d'un "acte de sabotage". C'est pourquoi, la banque Barclays dans une note assez alarmante cette semaine, conseille de ne plus investir dans Air France, jugeant cette compagnie Irréformable. En Bourse, AIr France ne vaut plus que deux milliards soit trois fois moins que Lufhtansa et dix fois moins que Ryanair.

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