Antonin André, Axel de Tarlé et Anne Le Gall font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
On dit souvent que la jeunesse est précarisée ou sacrifiée, c'est vrai mais pas seulement en France. Une étude britannique montre que la génération des 20/30 ans s'est paupérisée dans tous les pays développés.
Cette étude a été réalisée en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, en Espagne et au Canada. En France, c'est aussi vrai aux États-Unis, les 20 à 30 ans affichent aujourd'hui des revenus inférieur de 20 % au reste de la population. Ce qui est totalement nouveau car dans les années 70, les 20/ 30 ans étaient plus souvent riches que la moyenne de la population.
Comment ça s'explique ?
Le chômage qui frappe les jeunes, sans oublier l'immobilier qui est beaucoup trop cher. Quand on n'a pas de toit, on n'a pas de travail, c'est la conséquences négative. Cela alimente le sentiment de déclassement. Les jeunes galèrent et les parents se lamentent de voir que leurs enfants vivent moins bien qu'eux. Mais il existe également une conséquence sociétale. En Espagne, huit jeunes sur 10 âgés de 30 ans vivent encore chez leurs parents. Ça veut dire qu'à 30 ans, on ne se marie pas et qu'on n'a pas d'enfant, ça c'est pour la conséquence démographique. C'est un phénomène dépressif qui plombe l'ensemble du pays.
La question est de savoir si cette "loi travail" améliore ou aggrave l'insertion des jeunes dans la vie active. C'est le débat.
Anne Le Gall, experte innovation
Un bitume végétal à base d'algues
Normalement, le bitume qu'on étale sur les routes est fabriqué à partir de résidus de pétrole mais des chercheurs du CNRS de Nantes se sont aperçus que lorsque l'on chauffe des micro algues dans de l'eau sous pression, on obtient une pâte visqueuse noire qui ressemble à du bitume classique. Ils ont donc mélangé cette pâte avec des granulats, des petits cailloux et ont fabriqué des morceaux de route en laboratoire pour les tester.
Quel a été le résultat ? Résistance à la pluie, au soleil et au froid similaires au bitume standard. Ce bio-bitume à base d’algue vieillit très bien, il tient la route. Les chercheurs veulent maintenant lancer dans les deux ans qui viennent, des essais à plus grande échelle sur des circuits qui simulent le trafic routier.
Un bio bitume, c'est vraiment une avancée, c'est vraiment moins polluant ? Oui, parce que ce bio-bitume est en réalité fabriqué à partir de déchets d'algues, qui proviennent d’une PME du secteur de la cosmétique. Il pollue donc moins parce qu'il permet de recycler des déchets et permet également de ne plus compter sur les énergies fossiles, c'est une façon de préparer l'après pétrole. Tout cela pour un prix très compétitif car ce bitume, à base d'algue, n'est pas plus cher qu'un bitume à base de pétrole.
Il va en falloir en cultiver beaucoup des algues pour le fabriquer ce bio-bitume non ? Non pas tant que ça parce que le bitume, la substance noire qui permet aux petits cailloux de s'agglutiner entre eux, ne représente que 5 % de l'enrobé, le reste ce sont donc les granulats, les petits cailloux. Et puis l’idée ce n’est pas de cultiver des algues, mais d’utiliser uniquement des déchets d’algues. Ces travaux sont donc très prometteurs. Si des financement permettent de passer au stade industriel, on pourrait avoir des routes en algues, dans les cinq ans qui viennent. Les chercheurs pensent aussi que d'autres déchets gras, en provenances de l'industrie d'agroalimentaires notamment, pourraient servir de base pour d'autres bio bitumes.