Antonin André, Axel de Tarlé et Anne Le Gall font le point sur l'actualité du jour.
Axel de Tarlé, expert économie
La Banque Centrale Européenne pourrait distribuer de l'argent à tous les citoyens, on parle de centaines voir de milliers d'euros.
C'est là une idée très sérieuse, défendue par de nombreux économistes. L'objectif serait de faire repartir l'économie et l'inflation.
Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne, a lui même qualifiée cette piste "d’intéressante" en réponse à une question.
On parle là d'argent "hélicoptère", en référence à l'économiste Milton Friedman, qui disait pour faire repartir l'inflation : rien de plus facile, vous faites des lâchés de billets de banque par hélicoptère.
Aujourd'hui, la Banque Centrale Européenne distribue des milliards aux banques mais elles la gardent cet argent dans leur caisses et ne circule donc pas dans l'économie.
D'où cette idée de passer au dessus des banques, et de distribuer directement cet argent aux ménages. Si vous donnez de l'argent à tous les citoyens, ils vont le dépenser !
La Banque centrale européenne distribue 80 milliards d'Euros par mois aux banques soit un montant vraiment considérable.
Si vous divisez cette somme par le nombre d'habitant (340 millions), chaque européen recevrait gratuitement sur son compte en banque 200 euros par mois sur un an soit 2.400.
Si vous êtes une famille de quatre personnes, vous pourriez recevoir 10.000 euros
Le problème de cette idée c'est qu'il s'agirait d'une création monétaire pure sans aucune contrepartie.
Aujourd'hui, la BCE donne argent aux banques en échanges de Bons du Trésor détenus par les banques qui sont annulés. Avec cette "argent hélicoptère", comme au Monopoly, on imprimerait des billets qu'on donnerait aux gens sans contrepartie.
Avec cette stratégie, le.risque est que les billets ne valent plus rien et que l'on se retrouve de nouveau avec une hyperinflation.
Mais, un peu de monnaie hélicoptère, ça ferait pas de mal et ça rendrait l'Europe très populaire !
Antonin André, expert politique
La déroute annoncée du PS. Trois législatives partielles auront lieu ce week-end, trois partielles perdues pour le Parti socialiste. C'est donc un week-end noir en perspective et on ne voit pas comment ça pourrait aller mieux.
Ce week-end, sur 18 élections partielles depuis le début du quinquennat, le Parti socialiste en aura perdu 16. A huit reprises, il a été éliminé dès le premier tour, on peut appeler cela un naufrage.
On va comparer avec le quinquennat de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2012 : 13 partielles sous son quinquennat la droite en gagne 9 et n’en perd que 4 soit exactement l’inverse de ce qui s’est produit sous François Hollande.
Bien sûr, c’est d’abord la faute du président et du Premier ministre, ils sont en première ligne et c’est leur politique qui est sanctionnée par les électeurs. Mais François Hollande et Manuel Valls ne sont pas les seuls responsables ce serait trop facile. De Martine Aubry qui tire sur le gouvernement dans la difficulté, au Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis devenu le premier supporter de la primaire, sans oublier les frondeurs qui doivent leur élection à celle de François Hollande…
Tous responsables, tous coupables !
A 14 mois de la présidentielle, en dehors d’un miracle économique, des résultats sonnants et trébuchants espérés par François Hollande, le Parti socialiste est très mal parti.
Hier matin, aux obsèques de Claude Estier, compagnon de route de François Mitterrand, Lionel Jospin a pris la parole. Manuel Valls était présent, Jean-Christophe Cambadélis aussi. L’ancien Premier ministre a cité une maxime de Claude Estier sur la condition du pouvoir, quatre conditions :
Avoir une organisation en ordre de marche, un projet clair, une stratégie nette et un leadership incontesté. Oraison funèbre parfaitement calibrée pour le Parti socialiste et bien entendue par Manuel Valls et Jean-Christophe Cambadélis.
Sur les quatre conditions, le PS n’en remplit aucune. C'est une organisation fracturée on vient de l’évoquer.
La Stratégie de Jean-Christophe Cambadélis ? C’est l’Alliance populaire Vous en avez entendu parler ? En gros c’est de refaire la gauche plurielle sauf que les communistes ont dit non, les écolos pareil. Même le micro parti de Robert Hue n’en veut pas. C'est l’humiliation !
Le projet est inexistant à ce stade quant au leadership incontesté, on ne va pas revenir sur la primaire que Jean-Christophe Cambadélis veut transformer en référendum pour ou contre François Hollande, meilleur moyen de fragiliser un peu plus le président.
Alors la question est le Parti socialiste est-il mort ? En 2009, Bernard Henri Levy avait appelé à dissoudre au plus vite ce grand corps malade au lendemain d’un congrès meurtrier et d’élections européennes désastreuses.
Aujourd’hui, le Parti socialiste est proche de l’agonie…