Les secrets de la campagne présidentielle de Marine Le Pen et l'accès à la propriété de plus en plus inégalitaire : les experts d'Europe 1 vous informent

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SAISON 2015 - 2016

Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.

Antonin André, expert politique

Marine le Pen ira en Autriche mi-juin, à la tête de son groupe d’euro députés. Trois jours pour honorer Norbert Hofer, candidat malheureux du FPO à la présidentielle, de très peu. Marine le Pen y voit un motif d’espoir pour elle en 2017. La présidente du Front national est déjà dans le dur de la préparation de sa campagne.
 
"Ce sera une campagne très brève que je déclencherai quand je le sentirai", voilà ce que dit Marine Le Pen en privé, à l’image de son père, elle se fie à son instinct politique.
En réalité tout est déjà quasiment calé. Le Front national programme une entrée dans l’arène en février soit trois mois avant le premier tour.
Il y aura 10 grands meetings dans 10 grandes villes de France, les salles sont déjà pré-réservées.

Sur la forme toujours, le petit cercle autour de la présidente s’intéresse de près à la campagne de Donald Trump encore lui. Son succès est une source d’inspiration, notamment l’idée de faire des réunions publiques avec Marine le Pen au centre d’une assemblée en cercle, au milieu de la foule. Certains au Front national n’hésitent pas à rappeler l’exemple de la campagne présidentielle de 1988, Jean-Marie Le Pen au milieu du stade Vélodrome à Marseille.
Enfin révolution culturelle au Front national, des agences de communication vont être chargées d’inventer une charte graphique pour la campagne d’affichage, voire un symbole spécialement créé pour la présidentielle. On se souvient notamment du pommier de Jacques Chirac en 1995 qui avait avantageusement remplacé l’emblème du RPR.
 
On voit bien que rien n’est laissé au hasard, Marine Le Pen veut que tout cela soit très pro. Est-ce que l’on a une idée du positionnement que va adopter le Front national, quelle stratégie ?

C’est un sujet central parce que le Front national fait peur à deux grands électorats qui lui barrent la victoire : les seniors et les femmes. Résumé par un de ses dirigeants ça donne : "les personnes âgées qui ont peur de la guerre civile et les jeunes femmes qui ont le sentiment qu’on va régenter leur vie…", "ça nous congèle des millions de voix" reconnaît ce dirigeant du Front .
Pour les anciens qui ont peur de la guerre civile, le débat a été tranché, on arrête de parler de la sortie de l’euro et des incertitudes économiques qui s’en suivraient.
Pour les jeunes femmes qui ont peur que l’on régente leur vie, là, on touche au schisme qui divise fortement le Front national en ce moment : la question de l’avortement et de la contraception. Florian Filippot est pour que l’on n’y revienne pas, et surtout qu’on le dise publiquement et fortement pour rassurer cet électorat féminin. Marine Le Pen est sur cette ligne mais elle est loin de faire l’unanimité. Marion Maréchal Le Pen et avec elle une partie des cadres du Front national sont contre l’idée d’abandonner le crédo-tradi, pro-famille et contre des avortements qu’ils qualifient volontiers de confort. Ils sont convaincus qu’électoralement il y a plus à perdre qu’à gagner.

On voit que c’est un débat aussi décisif qu’explosif pour le Front national un parti qui repose historiquement sur deux piliers : la préférence nationale et les valeurs morales.

 

Axel de Tarlé, expert économie

L'accès à la propriété devient de plus en plus inégalitaire. Il faut être né dans une famille aisée pour pouvoir acheter son logement.

En apparence tout va bien.
Si vous prenez la tranche 25/44 ans, l'âge où souvent, on fonde un foyer et où l'on aspire à devenir propriétaire. 45% sont effectivement propriétaires selon les chiffres du ministères des Affaires sociales.
Ce chiffre est stable depuis plus de 20 ans. Tout va bien.

Mais, si l'on regarde le détail :
- Si vous prenez, les plus riches, toujours dans cette tranche 25/44 ans, il y a de plus en plus propriétaires. 66 % possèdent leur logement soit 23 points de plus qu'il y a 40 ans.
- A l'inverse, si vous prenez les ménages les plus modestes, il y a de moins en moins de propriétaires. 16% seulement possèdent leur logement soit 18 points de moins qu'il y a 40 ans.
C'est un terrible effet de ciseau qui est fatal pour les travailleurs les plus modestes.
L'explication tient au fait que les prix ont doublé en 20 ans mais que les salaires n'ont pas suivi.

Il y a un autre phénomène qui accentue encore les inégalités en matière d'accès au logement.
De plus en plus dans les actes d'achat, les acheteurs obtiennent des aides de la famille. Une fois sur quatre, quand il s'agit d'un premier achat, les parents ont fait un don.
En clair : Devenir propriétaire, ce n'est plus l'affaire d'une génération mais, il faut mobiliser deux générations.

La morale, en forçant un peu le trait, c'est que désormais pour être propriétaire, il faut non seulement bien gagner sa vie, mais en plus être bien né dans une famille aisée.

Tout cela participe au sentiment de déclassement de toute une partie de la population qui n'a plus accès à la propriété.