Antonin André et Axel de Tarlé font le point sur l'actualité du jour.
Antonin André, expert politique
La politique c’est Nicolas Sarkozy qui se démultiplie sur le terrain et dans les médias depuis plusieurs semaines. Il vise la victoire à la primaire et surtout la présidentielle de 2017. Le fait nouveau c'est que les sondages marquent une progression de Nicolas Sarkozy auprès des électeurs de droite.
+7 points dans le dernier Ipsos, +10 points dans le BVA de ce week-end, ce sont les plus fortes progressions au sein des sympathisants les Républicains. Certes, Nicolas Sarkozy reste distancé par Alain Juppé, mais l’écart se resserre et il se resserre aussi parce qu’Alain Juppé baisse. La dynamique en ce moment est dans le camp de Nicolas Sarkozy, qu’on a vu d’ailleurs galvanisé à la Réunion, attaquant du matin au soir une seule et unique seule cible : François Hollande, comme dans toutes ses sorties publiques. Pourquoi ? Parce que l’ancien chef de l’état enjambe littéralement la primaire, Il se projette directement dans le match retour de 2012.
Ses concurrents, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire ou Nathalie Kosciusko-Morizet se partagent l’anti-sarkozysme dans leur meeting et interventions publiques. Nicolas Sarkozy lui ne leur répond jamais, et vous savez pourquoi ? Parce que selon lui, une fois qu’il aura terrassé tout ce beau monde à la primaire et qu’il sera face à François Hollande, comme il le dit "j aurai besoin d’Alain, de François de Bruno et des autres".
Il a quand même un fort handicap, une majorité de Français et là encore on le voit dans les enquêtes d’opinion, ne veulent plus de Nicolas Sarkozy comme président. Le rejet est toujours très présent, ça comptera ça aussi dans la primaire.
Peut-être mais Nicolas Sarkozy c’est le Donald Trump de cette primaire. On ne parle pas du fond, mais du phénomène de campagne. Baché dans les médias, plombé dans les sondages, ignoré voire dénigré par certains leaders d’opinion, par ce qu’on appelle les élites, ce phénomène aujourd’hui joue en sa faveur. Les ressorts de cette popularité frémissante, il va les chercher dans ses déplacements en province, dans les librairies des centres commerciaux de zone industrielles ou chez les producteurs de cannes à sucre à la Réunion. Il fait campagne et sur une fibre très populaire au sens premier : proche du peuple. Cet électorat populaire qui l’avait fait gagné en 2007.
Voilà pour le positionnement stratégique, maintenant vous regardez sous le capot de la dynamique Sarkozy, il y a un moteur que ses équipes ont bien identifié et qu’ils vont cultiver : il performe chez les jeunes. Dans l’Ifop de cette semaine, sur la primaire des Républicains, il est en tête très largement avec 40% d’intention de vote chez les 18/24 ans contre 20% pour Juppé. Cette carte jeune, ça rappelle la campagne de Chirac en 1995 face à un candidat Balladur longtemps favori mais qui a été débordée par la dynamique de fin de campagne, Jacques Chirac était porté par les jeunes électeurs RPR.
Enfin le contexte actuel le sert aussi : le besoin d’autorité revient dans le débat public et c’est son principal marqueur politique.
Axel de Tarlé, expert économie
Le nombre de "travailleurs détachés" a fortement augmenté l'an dernier avec +25 %. En 10 ans, leur nombre a été multiplié par 10.
Qu'est-ce que les "travailleurs détachés" ?
Ils viennent de Pologne, de Roumanie, de Bulgarie mais aussi du Portugal ou de l'Espagne. On les retrouve le plus souvent sur les chantiers de BTP mais également un peu dans l'industrie.
Ils sont payés aux conditions françaises soit le smic, mais les charges sociales sont payées non pas en France mais dans leur pays d'origine. Les charges sont notamment très faibles en Roumanie ou en Pologne.
Le premier grief que l'on peut opposer à ces "travailleurs détachés" c'est une perte sèche pour les caisses de notre sécurité sociale qui est évaluée à près de 400 millions d'euros par la Cour des Comptes.
Le second grief que l'on peut noter c'est une perte d'emplois pour nos maçons, nos charpentiers et nos menuisiers.
Le problème c'est que l'on assiste à un emballement puisque les entreprises du BTP vous expliquent que pour rester compétitives, elles sont obligées de s'aligner vers le bas et donc de prendre des travailleurs détachés.
L'entrepreneur avec une main d'oeuvre 100 % française n'étant plus compétitif.
Est-ce légal ? A-t-on le droit, comme ça, de multiplier les embauches de travailleurs détachés ?
Non, ce dispositif n'est autorisé que pour des missions précises et temporaires.
L’État a multiplié les contrôles et on s'est rendu compte, à l'occasion de ces contrôles, que bien souvent ces travailleurs n'étaient même pas déclaré et travaillaient au noir.
C'est d'ailleurs pour cela que les chiffres augmentent. On s'est également rendu compte avec tous ces contrôles que le phénomène était bien plus important que ce que l'on croyait.
L'Europe essaye de durcir un peu les règles pour endiguer le phénomène.
Le problème, c'est que les pays d'Europe Centrale s'opposent à toute réforme de ce système qui pour eux, est synonyme d'emplois et de charges sociales qui rentrent dans leurs caisses.