Marine Le Pen n'arrive pas malgré ses efforts à se tailler un costume de chef d’État. Dans tous les pays qu'elle visite, ses origines frontistes la desservent.
Axel de Tarlé, expert Économie
Plus de 450.000 ménages ont vu leurs allocations familiales sérieusement rabotées.
La Caisse d'Allocations Familliales a dressé hier un premier bilan, dix mois après la décision de François Hollande de réduire les allocations pour les ménages les plus aisés. Depuis juillet dernier, les ménages qui gagnent plus de 6.000 euros par mois (à deux), ont vu leurs allocations familiales divisées par deux, et ceux qui gagnent plus de 8.000€, divisé par quatre. Exemple : pour un ménage avec trois enfants; les allocations passent de 295 à 73 euros. Ce à quoi, on peut ajouter la baisse du quotient familial. Et donc, selon la CAF, 455.000 ménages (9,3 % des familles concernées) ont ainsi été touchées par cette réduction de moitié des allocations familiales (voire par 4).
Oui, mais on parle là de ménages aisés, qui n'ont pas besoin de cet argent, n'est-ce pas ?
C'est vrai... Engrenage dangereux, car, pour faire de nouvelles économies dans le futur, que va-t-on faire ? On abaissera ce plafond de 6.000 euros par mois à 5.000, puis 4.000, etc. Là, on passe d'une politique familiale (qui consiste à aider toute les familles), politique qui de surcroit marchait très bien en France, à une politique sociale, qui consiste à aider seulement les familles modestes avec enfants.
Allons plus loin, le risque ensuite c'est qu'on applique la même logique à une autre branche déficitaire de la Sécurité sociale déficitaire : la santé. Au fond, les plus aisés, peuvent se payer leurs soins de santé. C'est le système américain à deux vitesses !
D'un coté, la santé des riches, privée, qui attirera les meilleurs praticiens. A coté, une sécurité sociale gratuite, soit disant pour tout le monde mais dans les faits réservée aux plus pauvres.
On n'en est pas là, mais c'est le risque. C'est pour cela, que les syndicats, comme FO et la CGT, étaient contre cette idée de supprimer - pour l'instant réduire les allocations familiales - pour les ménages les plus aisés. Décision "contraire à l'esprit de la Sécurité Sociale" avait dit la CGT. La Sécu repose sur les cotisations de tous en fonction de ses moyens, mais tout le monde doit en bénéficier de la même façon, riches et pauvres.
Antonin André, expert Politique
Marine Le Pen court après une stature internationale.
On se souvient de son voyage chaotique au Canada, elle vise maintenant, la Grande-Bretagne pour soutenir le Brexit. Un voyage qui fait déjà polémique outre-Manche.
L’entourage de Marine Le Pen l’affirme : le principe d’un déplacement à Londres est maintenu, avant le 23 juin, date du référendum britannique. Le Brexit c’est le rêve de Marine le Pen pour la France : la preuve qu’on peut s’extirper des griffes de Bruxelles par le peuple. Le problème c’est que les Anglais, Marine Le Pen ils n’en veulent pas ! "No thank you" ! Même le UKIP parti nationaliste britannique ne souhaite pas sa venue.
D’abord parce que les Britanniques détestent l’interventionnisme. Pour les partisans du Brexit eux-même, qui veulent retrouver leur souveraineté, que quelqu’un de l’étranger vienne leur dire comment voter : c’est un comble.
Deuxième raison : pour les Britanniques, Marine Le Pen équivaut à Jean-Marie Le Pen, et l'équation "FN = parti raciste + xénophobe" est encore très ancrée en Grande-Bretagne. La dédiabolisation, le rejet du père et la France apaisée tout cela n’a pas franchi le "Channel." Au point que certains élus britanniques ont carrément demandé à leur ministre de l’Intérieur d’interdire d’entrée Marine Le Pen.
L’image du père qui colle à Marine Le Pen qui la poursuit à l’étranger ça complique sa stratégie de "présidentialisation".
Si à chaque fois que Marine Le Pen se déplace à l’étranger ça déclenche une polémique : au lieu de récolter respectabilité et reconnaissance internationale, cela renvoie une image de provocation. Certains de ses proches lui déconseillent désormais de se rendre là où elle n’est pas la bienvenue. Résultat : ses prochaines destinations à l’étranger se feront dans le cadre restreint de son groupe politique au parlement européen - en Belgique, à Ostende à l’invitation d’un euro député du Vlams Belang parti nationaliste Belge, en Autriche où le FPO d’extrême droite est favori pour la présidentielle.
Le groupe de Marine le Pen compte quatre eurodéputés du FPO. Des voyages entre amis politiques qui ne feront pas de vague, pas de polémique mais qui ne lui donneront pas la stature recherchée, celle d’une chef d’État potentielle reçue par les plus hautes autorités à l’étranger.