Chaque soir, Nicolas Carreau nous emmène à la découverte des plus belles nouveautés littéraires.
Dans la peau d’une bête de Charles Foster aux éditions JC Lattès
Nicolas Carreau se prend pour un animal.
Vous n’avez jamais eu envie de vous prendre pour un renard ? De vivre la vie d’une loutre ou d’un cerf ? Charles Foster, l’auteur de ce livre, l’a fait. Ça s’appelle Dans la peau d’une bête, chez Jean-Claude Lattès.
Il s’est pris pour une bête ?
Exactement. Il s’est transformé en différents animaux sauvages pour vivre leur vie, voir ce que ça fait d’être : un cerf, un blaireau, un renard, une loutre donc et même un martinet. Ce n’est pourtant pas un fou, c’est très sérieux. Charles Foster est prof à Oxford, il est vétérinaire et un peu philosophe sur les bords. Concrètement, ça veut dire : "descendre dangereusement l’arbre de l’évolution pour arriver dans un terrier à flanc de colline au Pays de Galles et sous les rochers d’une rivière du Devon, apprendre ce qu’est l’apesanteur, la forme du vent, l’ennui, la sensation d’avoir de la paille dans le nez". C’est bien écrit.
Mais il mange comme eux par exemple ?
Mais oui. Sa démarche est très claire. Ce n’est pas un homme qui se prend pour un animal. Il essaye de devenir vraiment l’animal pour connaitre ses perceptions, sa façon de ressentir le monde. Voici le début du chapitre sur le blaireau : "Lorsque vous mettez un ver dans votre bouche, la chaleur qu’il sent est pour lui quelque chose de sinistre. On pourrait croire qu’il tenterait de descendre dans votre œsophage, où l’obscurité plus grande signifie d’ordinaire pour lui la sécurité, là où il est chez lui. Mais non, il cherche à s’échapper par les interstices entre vos dents. Il fouette vos gencives".
Bon appétit !
Mais le ver de terre, c’est 80% de l’alimentation du blaireau et il vit dans un terrier. C’est ce qu’a donc fait Charles Foster. Il s’est construit un terrier. Voilà. La suite, avec le cerf, le martinet, le renard et la loutre, vous lirez. C’est un livre vraiment étonnant. Plein d’humour, humour britannique bien sûr. Mais pas que. C’est d’abord une réflexion sur le monde animal, sur nous les humains, sur notre instinct et notre manière de ressentir le monde.
Ressentir le monde, Dans la peau d’une bête donc signé Charles Foster.