Chaque soir, Nicolas Carreau nous emmène à la découverte des plus belles nouveautés littéraires.
Nicolas Carreau, votre roman du jour nous emmène au 17ème siècle
A Loudun, précisément. Entre Saumur et Poitiers. C’est là qu’a eu lieu une affaire extraordinaire dans les années 1630, une affaire qui a marqué les mémoires sous le nom des Possédées de Loudun. Possédées, au féminin, c’est le titre justement de ce roman de Frédéric Gros, chez Albin Michel.
Et que s’est-il passé à Loudun ?
Le vieux curé de la ville, aimé de tous, vient de mourir. Il doit donc être remplacé. C’est un certain Urbain Grandier qui est nommé, un prêtre beau, séduisant et très fier et sûr de lui. Il séduit tout le monde : les notables de la ville par son assurance, mais aussi la jolie fille du procureur. Il était censé donner des cours de latin, mais il a fait mieux, il l’a mise enceinte…
Ah oui… pas mal pour un curé !
Je dois dire que l’histoire fait un peu jaser ! Elle lui coûte même sa place et quelques mois de prison. Mais il va revenir. Errare humanum est, n’est-ce pas ? Puisqu’on parle latin. Mais parallèlement, une autre affaire se noue à Loudun. Elle concerne des religieuses, des Ursulines, recluses dans le couvent de la petite ville. Elles sont victimes des démons ! Y compris la mère supérieure, Jeanne des Anges. Elles se contorsionnent dans tous les sens, crient des insanités et prennent des poses érotiques extrêmement suggestives.
Ce sont elles les possédées ?
Oui. Il va donc falloir procéder à un exorcisme. Et trouver un coupable. Le diable et peut-être aussi l’un de ses disciples, le curé Urbain Grandier, le tentateur. C’est forcément à cause de lui ! Sauf que s’il est reconnu coupable, il risque d’être torturé et mis à mort. On ne rigole pas avec ces choses-là sous le règne de Louis XIII.
Et c’est une histoire vraie…
Oui... Les possédés de Loudun et la sœur Jeanne des Anges ont défrayé la chronique en leur temps. Elles ont même donné lieu, bien plus tard, à une étude du le célèbre médecin Georges Gilles de la Tourette qui y voyait une forme d’hystérie. Ici, dans ce roman, on s’en tient bien sûr à l’histoire telle qu’elle a été vécue par les protagonistes… C’est un peu angoissant parfois. Les scènes d’exorcisme notamment. Admirablement écrit. Il y a quelques inventions littéraires, des bonheurs d’écriture. Frédéric Gros est prof à Sciences-Po, il a écrit déjà plusieurs essais. C’est son premier roman et on espère qu’il y en aura d’autres.
En attendant donc, on peut lire Possédées chez Albin Michel.