"Nous ne serons plus dans le scénario de ce mauvais film qu’on nous a écrit"

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Chaque dimanche soir, François Clauss conclut les deux heures du Grand journal de Wendy Bouchard avec une mise en perspective toute personnelle de l'actu.

Je voulais vous dire ce soir combien je fus heureux en écoutant jeudi dernier notre premier ministre nous promettre que tout cela, finalement, n’était pas vrai : 

"C'était la dernière séquence, C'était la dernière séance et le rideau sur l'écran est tombé" Eddy Mitchell

Car oui, le rideau va de nouveau se lever le 22 juin prochain, au Vox, au Capitole, au Diagonale, au Studio oui, partout dans ce beau pays au 5982 écrans, au 213 millions de spectateurs annuels, comme si nous allions sortir d’un trop long tunnel :

"Sur l'écran noir de mes nuits blanches, Moi je me fais du cinéma" Claude Nougaro

Le cinéma pour de vrai, même si nous serons masqués, même si nous ne serons assis qu’un rang sur deux, le cinéma qu’on choisit, pas celui qu’on subit sur le petit écran, même si nous saurons rendre grâce à Netflix et les autres, et à ces magnifiques séries qui parlent si bien de notre temps, qui nous ont tant portés pendant ces longues semaines, mais qui jamais ne remplaceront la magie de l’écran, du grand, du vrai, et de la salle noire :

"Ciné ciné ciné cinéma. Si on rejouait la scène où tu m'as donné sur les sentiers de l'enfance, le tout premier baiser de la première séance" Serge Reggiani

Même si’ il sera difficile de voler quelques premiers baisers, façon Antoine Doinel, non, nous ne serons plus dans le scénario de ce mauvais film qu’on nous a écrit ces trois derniers mois, car nous pourrons de nouveau choisir nos héros :

"Elle est belle et son prénom c'est Bonnie. À eux deux ils forment le gang Barrow. Leurs noms : Bonnie Parker et Clyde Barrow. Bonnie and Clyde, Bonnie and Clyde" Gainsbourg et Bardot

Et nous inventer aussi de nouveau nos histoires d’amour : "On écoute du chant grégorien. Elle parle à peine et moi je dis rien. On a une relation comme ça, Fanny Ardant et moi." Vincent Delerm

Et de retrouver tous ces yeux qui brillent.

Ceux de nos enfants, dans la file d’attente d’un multiplexe fébrile devant l’affiche du dernier Pixar ou du dernier Disney, chocolats de nouveau glacés en main.

Ceux de nos adolescents devant l’UGC ou le Gaumont dans l’attente tout aussi fébrile du dernier avatar de leur super héros, sceau de pop-corn sous le bras.

Ceux de nos copains qui se retrouvent à trois dans la salle du MK2 Beaubourg un mardi à 17H40 pour le cycle du cinéma iranien en VO.

Oui, tous ces regards qui brillent unis dans une même passion retrouvée, devant un rideau noir qui se lève enfin pour redécouvrir le grand écran blanc.

Jean Mineur