Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.
Ils sont douze. Douze taulards évadés de la prison Old Lonesome, dans le Colorado. Nous sommes à Noël 1968. La météo est de saison : blizzard, neige et moins dix degrés. Pas moyen d’aller très loin avec ce temps- là. En fonction de leur niveau de bêtise et de malchance, les fuyards sont repris – ou abattus – l’un après l’autre. Sauf un : Mopar Horn ; beaucoup moins cinglé que les autres. Il a tué un flic, amant de sa femme. Dans le Colorado, ça vaut perpét. Il n’a donc plus grand-chose à perdre.
Dans la meute qui piste les évadés, on trouve les habituels porte flingue de ce genre de festivités très américaines : pour l’essentiel des pauvres types gras du bide et buveurs de bière, engagés pour une chasse à l’homme entre deux chasses à l’ours ou au puma. Ils sont tous au garde à vous devant Cyprus Jugg, le directeur de la prison et grand organisateur de la battue. Tous sauf un : Jim Cavey, le meilleur traqueur d’homme des Rocheuses. Ce n’est pas un viandard. En général, il ramène les gars vivants ; amochés parfois, mais vivants.
Bon, je ne vais pas tourner autour du pot. Evasion, de Benjamin Whitmer est une réussite totale. Des personnages magnifiques, à la marge de tout et vrillés comme des derviches. Capables de générosité comme de bestialité absolue. Des bons rednecks au front bas et à la gâchette facile. Ils sont infréquentables. Je les adore.
Evasion, de Benjamin Whitmer, est paru aux éditions Gallmeister.