Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.
Juin 1951. Le peintre Jackson Pollock descend de l’avion à Gallup, Nouveau Mexique. Il apporte à leur acheteur deux toiles, numérotées 16 et 18. Il a un peu de temps libre. Donc il va boire un coup et jouer au poker. Pollock est un poivrot fini et pas vraiment un as aux cartes. Il sort lessivé de sa nuit au tripot. Pour payer sa dette de 800 dollars, il donne ses deux toiles et rentre cuver chez lui sur la côte Est.
Cinq ans plus tard, Steve Hammond, Patti Fraser et son frère Dan attaquent à main armée la Camden National Bank dans le Maine. Ils tuent un flic, raflent du cash et le contenu des coffres ; plein de bijoux et deux peintures : la 16 et la 18. Ils ne le savent pas mais chacune vaut un million de dollars. De quoi énerver leur propriétaire, un mafieux qui lance ses tueurs à leurs trousses. N’espérez même pas que tout ça se termine agréablement ! Les braqueurs de banque sont des branquignols et comme le dit Patti, "les flics sont lents mais persévérants". Et puis ces maudites toiles sont invendables. Pollock est trop connu. Et donc la nasse se resserre, inexorablement. Jusqu’à l’issue ; fatale, que voulez-vous ? En tout cas, Arthur Penn, Bonnie et Clyde ne pourraient pas la renier !
Ça fait 92 pages. Pas besoin de plus pour comprendre que Pollock était un génie mais un très sale type aussi. Et pas besoin de plus pour tomber raide dingue de Patti Fraser, 25 ans, cheveux courts et pas de poitrine mais un cerveau "supérieur à ceux qu’on rencontre en Nouvelle Angleterre". Juste avant d’ouvrir le feu une dernière fois, elle a eu le temps de hurler aux flics que jamais, elle n’irait en prison. "Sur la route avec Jackson", de Marc Villard, vient de sortir chez l’éditeur Cohen et Cohen. C’est à lire séance tenante.