Avec Edouard Philippe, Alain Juppé est finalement arrivé au pouvoir

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SAISON 2016 - 2017

Alors que le nom du Premier ministre a été révélé hier, Soazig Quémener nous livre son édito politique.

Avec Edouard Philippe, Alain Juppé est finalement arrivé au pouvoir

Oui, c’est l’épilogue provisoire de cette incroyable présidentielle. En novembre 2016, Alain Juppé échouait à remporter la primaire de la droite et du centre, et se retrouvait contraint de défendre un François Fillon dont il ne partageait pas, c’est un euphémisme, les options politiques. Et voilà qu’indirectement, l’ancien premier ministre signe son grand come-back ! Goûtez le symbole, 22 ans après sa nomination à Matignon, c’est l’un de ses protégés, son ancien bras droit même, Edouard Philippe, le maire du Havre qui devient Premier ministre. Un "homme de grand talent", a salué son mentor.
La ressemblance est troublante : une haute silhouette un peu raide, quelques traits d’humour intelligent, hier Edouard Philippe s’est par exemple présenté comme "violemment modéré et terriblement conquérant". Une solide culture, sous laquelle point une certaine arrogance d’énarque. Ce qui vaut d’ailleurs au nouveau premier ministre d’être surnommé par ses détracteurs à droite le "coton-tige", parce qu’il est "tout droit avec une tête susceptible d’enfler".
A 46 ans, Edouard Philippe semble un hologramme du Juppé droit dans ses bottes qui, à 50 ans, s’était installé rue de Varenne au début du premier mandat de Jacques Chirac, avant d’être tanné par les multiples épreuves du pouvoir.

Que pense Alain Juppé justement de l’arrivée d’Edouard Philippe à Matignon?

Il est bien entendu très fier, les deux hommes s’en sont entretenus. Juppé jure en revanche ne pas avoir passé de deal avec Macron alors qu’on trouve tant et tant de juppéistes sur la liste, publiée hier, de ceux qui acceptent la main tendue du nouveau président.
Et cela pour une raison toute simple : Juppé se sent un engagement moral auprès de son parti, qu’il a contribué à fonder. Au moins jusqu’aux législatives. Mais après le 18 juin, il se considèrera comme libéré, délivré de ses engagements.

Mais la politique d’Emmanuel Macron sera-t-elle totalement juppéo-compatible ?

A ce stade, une première chose est certaine : Juppé est plus proche de ce Macron libéral et europhile qui s’affichait hier en compagnie d’Angela Merkel à Berlin que d’un Laurent Wauquiez qui a depuis longtemps jeté au fond d’un volcan d’Auvergne l’héritage du centriste Jacques Barrot, son mentor en politique, ancien vice-président de la commission européenne.
Autre urgence partagée par les deux hommes, celle de l’éducation, Juppé en avait fait "la mère de toutes les réformes".
Enfin, il voulait comme Macron "couper les deux bouts de l’omelette" et gouverner avec un grand courant central qui exclut l’extrême droite et la gauche radicale. Et au fond, ajoute un ami du maire de Bordeaux, ce dernier voue une certaine admiration à ce Macron qui a emporté la présidentielle au nez et à la barbe de ceux qui, comme lui, jouaient pourtant la course de leur vie.

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