Au lendemain de l'annonce du nouveau gouvernement, Bruno jeudy nous livre son édito politique.
Avec 18 ministres, quatre secrétaires d’État, le premier gouvernement d’Emmanuel Macron coche à peu toutes les cases : un peu de droite, un peu de gauche, des marcheurs et une grosse dose de personnalités issues de la société civile. Le pari est-il réussi ?
Oui, Emmanuel Macron a réussi son "gouvernement en même temps" : paritaire, resserré, renouvelé grâce à la société civile avec ses onze ministres, équilibré politiquement quatre anciens socialistes, trois LR, deux PRG, un écolo et trois MoDem. François Bayrou est le grand vainqueur du jour : un quasi vice-président avec ce titre de ministre d’État et plus de 80 circonscriptions dans l’accord avec En Marche. Seul hic : c’est moins rajeuni (54 ans de moyenne d’âge) par rapport aux premiers gouvernements de Nicolas Sarkozy et François Hollande. Et puis il y a ces quatre anciens ministres dont deux du gouvernement alors que le candidat Macron avait dit qu’il n’y en aurait pas.
Mais passons : la promesse de renouvellement est tenue grâce à ces 11 visages de la société civile.
Pourquoi est-ce si bien cet afflux de personnalités de la société civile ?
D’abord il y a onze. Preuve qu’il ne s’agit de gadget comme cela a souvent été le cas par le passé. On a de vrais compétences : une ex-DRH pour le ministère du Travail, une direction de maison d’édition à la Culture, la patronne de la RATP pour les transports, un médecin pour la Santé, une championne olympique aux Sports ou encore l’enseignement directeur des affaires scolaires à l’Éducation nationale. C’est un bon casting qui va sûrement plaire à l’opinion lassé par les professionnels de la politique qui ont globalement échoué depuis trente ans. La promesse du monde d’après en politique est là. Tout comme l’investiture des candidats La République en Marche dont plus de la moitié n’ont jamais été candidat à une élection.
Et Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, c’est une bonne idée ?
On verra à l’usage. C’est évidemment le bon coup de communication de cette liste. C’est la star de ce gouvernement où se mêlent vieux briscards et néophytes. Emmanuel Macron est vraiment très fort et surtout très persuasif puisqu’il réussit là où Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande ont échoué. À 62 ans, le célèbre animateur de télévision a sans doute dû se dire que c’était maintenant ou jamais. L’ancien candidat à la présidentielle qui a voté Mélenchon en 2012 tente l’aventure. On ne sait pas à ce stade sur quoi le président et le ministre se sont mis d’accord. On ne connaît pas les concessions qu’il a acceptées. Ça risque d’être chaud sur le nucléaire, le Premier ministre Édouard Philippe a travaillé chez Areva, sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Lande notamment. Ça promet quand on sait que le successeur de Ségolène Royal a la tutelle sur le nucléaire. Le tout avec le titre de ministre d’État. En convainquant cette figure médiatique, Emmanuel Macron met une touche de gauche écolo dans son équipe. On verra à l’usage si c’est plus qu’une simple opération de communication très réussie.