David Revault d’Allonnes nous livre son édito politique à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle.
Une curieuse fin de campagne qui laisse un sentiment assez mitigé.
C’est étrange ! Pendant des semaines, cette campagne a été déprimante, mais sa dernière ligne droite est passionnante. Une campagne déprimante parce qu’en réalité, elle n’a pas vraiment eu lieu. Il y avait pourtant quelques petits sujets, qui intéressent les Français : du chômage au terrorisme ; de la dette aux tensions internationales ; de l’école à la santé et bien d’autres. Et bien on n’en a pas parlé ou presque. Le désert !
Les affaires ont occupé la majeure partie de la campagne mais le plus curieux c’est que ce triste spectacle n’a pas dégoûté les électeurs. Avec quatre candidats dans un mouchoir de poche et de multiples scénarios possibles pour le deuxième tour, rarement une campagne aura autant passionné les français.
C’est tout de même paradoxal ! On a l’impression que rarement une présidentielle aura suscité tant d’intérêt.
Pas de fond, pas de propositions, donc une indécision des électeurs jusqu’au dernier moment et donc un grand suspense. Comme si le jeu était devenu plus important que l’enjeu. C’est un peu comme ces superproductions hollywoodiennes. On sait d’avance que le scénario est un peu faible, que les acteurs ne sont pas formidables, mais on va quand même regarder le film. Et on finit par se prendre quand même au jeu. Le problème, c’est qu’en sortant de la séance, on risque de regretter.
Mais est ce qu’il faut vraiment s’en plaindre et regretter que les citoyens se passionnent pour cette campagne, même si elle a été très faible ?
Sur le plan des audiences c’est plutôt rassurant. Sur le plan démocratique, c’est quand même extrêmement inquiétant. Nous venons d’assister à la première campagne à l’américaine avec la mise en scène des personnalités. Les petites phrases et les attaques qui s’intensifient dans le sprint final et des confrontations entre candidats qui passent d’abord par deux ou trois débats télévisés. Le grand moment de notre vie politique, la mère de toutes les batailles, a d’abord ressemblé à un gigantesque show. Une campagne à grand spectacle.
Il y a quand même une différence entre la fiction et notre réalité politique. Dans les films hollywoodiens, on a toujours droit à une fin heureuse, un Happy end. Dans cette campagne présidentielle, il n’est pas sûr que tout cela se finisse aussi bien.