Soazig Quémener nous livre son édito politique à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle.
Sens Commun est au cœur de la présidentielle.
À ses débuts, on avait observé d’un air plus que dubitatif la naissance de ce groupuscule, émanation de la Manif pour Tous au sein de l’UMP. Puis Sens commun s’est imposé dans la vie du parti jusqu’à réussir son premier coup politique en novembre 2014. Ils avaient arraché à Nicolas Sarkozy la promesse d’une abrogation de la loi Taubira. Aujourd’hui, ce groupe de lobby ultra-catholique a pris une telle importance qu’Emmanuel Macron les a évoqués hier lors de son grand meeting de Bercy, dans la dernière ligne droite de la présidentielle : "Dans la République que nous aimons, l’intérêt général, la laïcité et notre histoire, n’ont pas le visage de sens commun".
Le candidat En Marche ! visait à travers eux François Fillon.
Ces supporters ultra-mobilisés et surtout très organisés sont devenus l’un des rouages essentiels de la campagne de Fillon. Ils l’ont soutenu dès la primaire. Ils organisent la claque dans ses meetings et surtout, il leur doit une fière chandelle : en rameutant leur réseaux Manif pour tous, ils ont permis la réussite du rassemblement du Trocadéro à un moment crucial pour le candidat, au début du mois de mars. Des "militants radicalisés", avait jugé Juppé. Un soutien que François Fillon achète chaque jour de campagne qui passe un peu plus cher. Il leur a déjà promis la réécriture de la loi Taubira et la suppression du délit d’entrave numérique à l’IVG. Depuis dimanche, on sait qu’il pourrait aussi offrir un poste dans un éventuel gouvernement à cet efficace groupe de pression. Des contreparties qui semblent exorbitantes au regard de leur réel poids. L’ancien ministre Dominique Bussereau a d’ailleurs vu dans cette dernière annonce une "faute".
Pourtant, il existe bien un électorat catholique ?
Oui, au-delà de Sens commun, qui n’en représente qu’une fraction, et on se l’arrache ! En 2012, 45 % des catholiques pratiquants avaient voté Sarkozy. Qu’en sera-t-il en 2017 ? Pour les séduire, Marine Le Pen fait figurer le Mont saint-Michel, haut lieu de la chrétienté sur sa profession de foi. Emmanuel Macron déjà auteur d’une sortie sur les « humiliés » de la Manif pour tous a évoqué hier plus subtilement au détour d’un passage consacré à son enfance « les cathédrales majestueuses ». Quant au candidat Les Républicains, il leur tend une nouvelle fois la main ce matin dans une interview à la Croix en expliquant qu’il "ne veut pas interdire les signes religieux dans l’espace public" car "vouloir aller trop loin dans l’interdiction aurait des répercussions sur l’ensemble des religions". On ne saurait être plus clair.
Quoi qu’il en soit, plus que cinq jours et la messe est dite !