Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Le naufrage électoral de LR depuis les élections européennes déclenche plusieurs initiatives qui ont pour effet d’accélérer les mutations à droite. De quelles manières ?
Selon la formule d’un responsable du parti, Laurent Wauquiez est assigné à résidence au siège du parti par Gérard Larcher. Le président du Sénat prend la main depuis dimanche soir, mais il se préparait depuis quelques temps à déclencher une initiative contre Wauquiez, qui a le plus grand mal à susciter de l'adhésion par les dirigeants de son parti.
Homme de synthèse, comme il aime se définir, Larcher veut créer une plateforme rassemblant la droite et le centre en dehors de LR sur la base des présidents de région et de départements. C’est aussi une urgence pour lui : il doit empêcher l’hémorragie des sénateurs LR qui pourrait déstabiliser sa majorité. Appel entendu par les barons de la droite avec un aspect un peu surréaliste : Laurent Wauquier président de région Rhône-Alpes-Auvergne sera présent dans une réunion dont la cause est les mauvais choix de Laurent Wauquiez patron de LR.
Mais voilà que la jeune garde du parti entre en scène : les députés comme Aurélien Pardie du Lot, ou Pierre Henri Dumont, ne veulent pas laisser aux aînés le monopole du chœur des critiques. La jeune garde cible le président du parti et fait pression sur Laurent Wauquier pour qu’il accepte un comité de renouvellement. Lâché par les jeunes, traqué par les aînés, Laurent Wauquiez clamait qu'il avait trois ans pour redonner l’espoir. Aujourd’hui, il ne sait même pas s’il disposera de trois semaines.
Même s’il reste à la tête de LR car il reste à ce stade sourd aux multiples appels à sa démission. Le projet est très clair désormais : le dévitaliser, l’obliger à organiser des primaires pour désigner le candidat à la présidentielle de 2022. Et d’ici-là on peut compter sur la créativité de la droite en matière de division.
Parce qu'effectivement les appétits sont aiguisés depuis quelques jours. Ils sont plusieurs à lorgner sur cette nouvelle plateforme en train d’être constituée en dehors de LR.
Avec en premier lieu Bruno Retailleau, le patron des sénateurs LR en bons termes avec Larcher. C’est Retailleau qui a été le plus direct et le plus dur avec Wauquiez au téléphone après les élections il lui assène : "Tu as un problème de sincérité, ton image pose problème aux Français". Bruno Retailleau se verrait bien le leader d'une droite post-Wauquiez il a souvent expliqué et même écrit qu'une refondation politique et stratégique de la droite était une urgence.
En regardant plus loin, Bruno Retailleau veut se mette en situation de succéder un jour à Gérard Larcher à la présidence du sénat. Et lui il y a ceux dont la voix compte d’autant qu’ils restent discrets, François Baroin par exemple : le président de l'AMF n’a jamais écarté la possibilité de jouer un rôle de premier plan. Il ne l'a jamais saisi non plus, préférant finalement se rallier à Fillon alors qu’il était en train de couler en 2017.
Autre discret : Guillaume Peltier vice-président de LR qui attend son heure. Quant à Valerie Pecresse et Xavier Bertrand, qui préparent une candidature présidentielle, leurs stratégies divergent. L’un se tient loin du parti mais près du téléphone et il parle avec tous les responsables. L’autre est au cœur de la machine et veut affronter Laurent Wauquier en interne. D’une génération à l’autre ce principe en politique est confirmé : l’union est un combat mortel.