Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Épilogue de la crise de Rugy. Cette fois-ci l’Elysée a opté pour le remaniement express. Deux minutes avant les 12 coups de minuit, l’Elysée annonce la nomination d’Elisabeth Borne comme ministre de la transition écologique elle garde d’ailleurs le portefeuille des transports qu'elle avait déjà. Alors pourquoi elle ? Matignon explique que c’est la continuité et les compétences au sein du ministère qui sont privilégiés
Ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal, elle a mené la réforme de la SNCF et la loi mobilité avec une fermeté dans les négociations. Voilà pour les raisons officielles. Mais aussi, il fallait faire vite : cette année politique se termine comme elle a commencé, avec une crise au ministère de l’écologie. A noter qu'Elisabeth Borne ne sera pas ministre d’Etat, certains députés écologistes le regrettent, mais peut être que cela vaut mieux pour Elisabeth Borne : le portefeuille de l’écologie est depuis longtemps considéré comme le poste maudit.
Matignon et l'Elysée ont donné un défi à Elisabeth Borne : durer et porter l’acte 2 du quinquennat pour la transition écologique.
François de Rugy a fini par lâcher l’éponge et démissionner. Comment cela s’est-il passé ?
C’est mardi matin que s’est joué l’épilogue de cette nouvelle crise gouvernementale. Lorsque François de Rugy se rend à Matignon. Une réunion de travail est calée de longue date sur les dossiers ministériels, au moment où il arrive, Édouard Philippe demande à tous ses collaborateurs de sortir. En tête à tête, le vrai sujet à l’agenda est abordé. De Rugy parle "des attaques", c’est le terme de Matignon, qui s’accumulent et deviennent ingérables. Il annonce sa décision et présente sa démission.
De plus, Rugy a entendu Emmanuel Macron depuis Belgrade dire "je demande les pièces et je décide". Il a compris que son sort est scellé. La semaine dernière, la posture du gouvernement était le maintien de la confiance face à Mediapart, qui n’allait pas "faire et défaire le gouvernement" disait-on autour du Premier ministre, mais tout le monde savait que cela serait intenable. Au gouvernement, on doutait que François de Rugy passe la semaine. Hier en fin de matinée, le Premier ministre accepté la démission de François de Rugy.
Et il y aura des enseignements politiques à tirer de cette crise.
La culture de l’éthique politique avance à chaque crise : Souvenez-vous : avec Jérôme Cahuzac, on a mis l'accent sur la transparence des élus avec haute autorité, avec François Fillon, c'était les emplois familiaux des élus. Les conséquences de l'affaire Rugy sera la réglementation des frais de bouche et des repas privés. Il y aura un écriteau à l’entrée des ministères : "Les amis et la famille payent". Si de nombreux élus le font déjà sans qu’on leur demande, ce sera un garde-fou utile pour ceux qui peuvent être parfois impressionnés par ors de la République.
Les lignes ont bougé, le contrôle des réseaux sociaux a instauré les tribunaux d’opinion. Désormais c’est établi, que cela plaise ou non : La moralité prime sur la légalité. La preuve par avec François de Rugy.