Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
La France cherche à relancer la délicate relation avec le Rwanda alors que le souvenir du génocide de 1994 pèse toujours entre les deux pays.
Comment faire d’une impossibilité d’agenda, un petit événement diplomatique ?
Lorsque l’invitation du président rwandais (Paul Kagame) de se rendre au Rwanda le 7 avril pour les commémorations arrive au président Macron, le délai est jugé trop court.
Emmanuel Macron decide alors d’innover. Ce ne sera pas un ministre qui le représentera comme le souhaite le protocole mais le jeune député des Côtes-d’Armor (Hervé Berville), né au Rwanda et lui-même rescapé du génocide, désormais député de la République française.
"Un geste qui se veut tourné vers l’avenir sans oublier le passé", disait hier Hervé Berville quand on lui a posé la question.
C’est vrai que ces jours-ci, le souvenir du génocide rwandais ou 800.000 personnes ont été massacrées revient en force. La date du 7 avril marque le début des massacres entre Hutus et Tutsis.
Ce vendredi matin, le président va recevoir des rescapés du génocide rwandais.
La mémoire reste ultra-sensible et le rôle de la France (présente au Rwanda durant la guerre civile) reste le sujet qui rend les relations très délicates entre les deux pays.
Ce souvenir est surtout à fleur de peau pour l’armée française toujours accusée d’avoir été laxiste alors qu’elle était présente sur le terrain dans le cadre de l’opération Turquoise ?
En 1994, Une opération est lancée dans le cadre de l’ONU pour mette fin aux massacres de Tutsis par les Hutus.
L’armée française veut laver son honneur. Ses dirigeants de l’époque (comme l’amiral Lanxade, chef d’état major sous François Mitterrand) se battent pour que soit enfin reconnu le vrai rôle de la France. Ils revendiquent avoir tenté d’arrêter les massacres alors que toute la communauté internationale regardait ailleurs.
Les militaires en poste à l’époque ne comprennent pas pourquoi, encore jusqu’à nos jours, aucun président n’a défendu officiellement l’intégrité de l’armée.
Aujourd’hui, le président Macron a promis la création d’un groupe de chercheurs pour faire la lumière sur cette période terrible au Rwanda.
Il a soutenu l’élection de l’ancienne ministre des Affaires étrangères du Rwanda à la tête de la Francophonie en décembre dernier. Ce sont des gestes d’apaisement envers les Rwandais.
Mais l’armée francaise, elle, attend toujours qu’un président (chef des Armées) défende sans ambiguïté le rôle de l’armée française. Un sujet ultra-sensible, reconnaît-on de source diplomatique.
D’autant qu au Rwanda, le président Kagame organise sciemment la réconciliation des Rwandais sur le dos de la France toujours désignée comme complice des massacres durant la guerre civile.
Alors comment avancer sans oublier ?
Entre les jeux diplomatiques et les attentes d’une armée, le député Berville va incarner à Kigali le grand débat entre la France et le Rwanda.
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