Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
La réunion du G20 à Osaka a été occultée par les tensions entre la Chine et les États-Unis. La question est posée notamment par Emmanuel Macron : "À quoi sert le G20 ?" Il n'est pas assez utile pense le président. Pourquoi dit-il cela ?
On peut se le demander effectivement. Lui qui défend les lieux où les pays se retrouvent pour échanger entre eux c’est pour le moins étonnant. C’est faire bizarrement écho à l’approche de Trump sur ces grands sommets où les relations multilatérales s’expriment. Il faut tout de même se souvenir : le G20 au niveau des dirigeants est une idée de Nicolas Sarkozy, alors président de la République en 2008, afin de prendre des mesures entre les pays pour sortir de la crise financière. Les G20 ont été les cadres d'engagement sur la base du volontariat pour réguler la finance internationale. Cela a donné le sommet fondateur de Washington.
Mais avec la fin de la crise, la question de l’utilité des G20 s’est posée régulièrement. D’autant que le G20 n’est pas un cadre contraignant. Donc il ne peut pas décider de sanctions. Les sommets sont des lieux de consensus, un forum de la gouvernance mondiale. Alors la sortie du président français est d’autant plus étonnante d’autant qu’il a organisé lui aussi un événement purement symbolique : le forum pour la paix, c’était le 11 novembre dernier.
Pour quelle raison a t’il fait cette critique alors que la France accueille le G7 fin août à Biarritz ?
Le G7 le club des 7 pays les plus riches n’est pas une autorité contraignante non plus. Ce sera un sommet qui va définir des problèmes plus qu’il n’en réglera. Par exemple, sur les enjeux d'environnement dans la zone du Sahel qui seront portés par le président du Burkina Faso. G7-G20…sûrement faut-il trouver une nouvelle manière d’organiser ces grandes messes. Mais il y a tout de même une contradiction à fustiger les dirigeants qui veulent se replier sur eux même et critiquer des sommets qui permettent de prendre conscience des évolutions internationales.
Peut-être parce que la voix de l'Europe affaiblie n’imprime pas, et que la France ne se fait plus assez entendre. Des Européens qui ont profité de la réunion d'Osaka au Japon pour parler en coulisse de leur propre problème. Il y a eu des apartés des conclaves à Osaka entre délégations car le temps presse, notamment pour désigner un dirigeant de la Commission européenne. Comme quoi, Emmanuel Macron à beau jeu de critiquer l’efficacité du G20. La réunion d’Osaka a au moins fourni un cadre pour que les Européens puissent poursuivre leurs palabres. Parce que pour l’instant, les pays de l’Union européenne n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord pour désigner le président de la commission européenne.