L'ancien ministre Jérôme Cahuzac a été condamné à trois ans de prison ferme pour fraude fiscale. Sévère, cette condamnation n'en est pas pour autant exemplaire.
Tout a été dit sur la sévérité des trois ans de prison infligés à l’ancien ministre. Cette peine marque en effet un tournant dans la répression judiciaire de la fraude fiscale, car on prend rarement de la prison ferme pour cette raison. Cela risque de changer, c’est entendu. Mais il faut lever une possible confusion sur ce procès Cahuzac : en ces temps où il est à la mode de vouer aux gémonies le "système politique", c’est-à-dire les réseaux, les connivences, les complicités, les passe-droits propres au pouvoir, il est utile de rappeler que cette affaire n’est que celle d’un homme, malhonnête et tricheur, comme il y en a dans tous les milieux, du haut en bas de l’échelle sociale. Il ne faut donc pas mettre dans le même sac toute la classe politique.
Attention à la démagogie : cette condamnation n’est pas exemplaire. Elle ne dit rien des dérives possibles d’un système politique organisé, qui vit en vase clos. Cahuzac a triché avec l’argent qu’il a gagné comme médecin avant d’être ministre. Il ne l’a pas volé dans les caisses de l’État pour lui ou un parti. Ce n’est pas un abus de bien social, délit qui constitue la fraude la plus courante en politique et qui est au cœur de la plupart des scandales de ces dernières décennies, depuis l’affaire Urba au PS jusqu’à celle des emplois fictifs de la Ville de Paris ou à peut-être l’affaire Bygmalion. Pour parler vulgairement, Cahuzac n’a pas vécu sur la bête, il a truandé le fisc, seul avec la complicité de banques. Et c’est parce qu’il est devenu ministre du Budget que l’histoire a éclaté et a été une telle déflagration dans le paysage politique.
La morale de l’histoire : Quand on est un délinquant à la base, plus on monte dans le prétendu système, plus on s’expose, plus on est vulnérable et moins on peut s’en sortir.