Le débat des candidats à la primaire de la droite et du centre a été marqué, selon Yves Thréard, par un combat entre les anciens et les modernes.
Ce premier débat de la primaire de la droite était, selon Yves Thréard, celui des anciens et des modernes.
Oui, d’un côté, Juppé, Sarkozy, Fillon et Copé, les anciens, les hommes blessés par les affaires, les procédures judiciaires, leur passé politique inachevé, leurs échecs et leurs amertumes. De l’autre, Le Maire, sans cravate, et Kosciusko-Morizet, les figures du renouveau ou qui veulent passer pour telles. Et puis Poisson, l’inconnu. Cinq ans en arrière, on se serait un peu cru au conseil des ministres. Le débat fut de bonne tenue. Pas de pugilat, quelques piques. Non, ils ne sont pas tous pareils. Et contrairement à ce qu’on entend, c’est sur les sujets économiques que le débat a été le plus âpre, parce que c'est là qu'ils ont le plus à se reprocher. Les prétendus modernes, NKM qui veut supprimer le statut de la fonction publique et Le Maire qui veut privatiser Pôle Emploi, sont les plus libéraux. Les anciens sont les plus jacobins pour créer la société du plein emploi et restaurer l’autorité de l’État. La seconde partie, consacrée à la sécurité, aux fichés S et à l’immigration, a plus viré au catalogue, parfois à la course à l’échalote. À en croire les commentaires sur les réseaux sociaux, c’est aussi celle qui a été la moins commentée.
Des surprises ?
Non, quelques échanges tendus. Entre Copé et Sarkozy sur la paternité de la loi interdisant le port du voile intégral sur la voie publique en 2010, entre Fillon et Sarkozy sur la suppression des 35 heures, entre NKM et Le Maire sur la suppression des postes dans la Fonction publique. D’une façon générale, c’est évidemment Sarkozy qui, en creux, a essuyé le plus de reproches même si les affaires n’ont pas pollué le débat. La remarque la plus terrible a été la conclusion de Nathalie Kosciusko-Morizet : "Le recyclage, ça marche pour les déchets, pas pour les idées". Le premier visé était évidemment son voisin, Nicolas Sarkozy.
Qui a gagné ?
Juppé et Fillon étaient les plus sereins. Sarkozy et Le Maire, les plus tendus. Copé, le plus à l’aise. Kosciusko-Morizet, la plus audacieuse. Poisson, le moins cosmétique. Ce qui est sûr, c’est que Juppé, le favori des sondages, n’a pas perdu de points. Il devrait garder son avance.