Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique à quelques jours du second tour de l'élection présidentielle.
Le message de Le Pen se brouille, il s’éclaircit chez Macron.
Pour Marine Le Pen, la semaine dernière, qui avait commencé tambour battant, s’est terminée dans une relative confusion. Le ralliement de Dupont-Aignan est certes important : il peut lui rapporter des voix, et c’est la première fois, depuis 1986 et le Centre national des indépendants, qu’un parti accepte de s’allier au FN.
Mais ce mariage, avec la promesse de Matignon pour Dupont-Aignan en cas de victoire, renvoie à la petite cuisine politique, à la tambouille entre partis, tout ce que le FN et les Le Pen ont toujours dénoncé chez leurs adversaires. Pire, elle est obligée pour cela de faire des concessions en acceptant le maintien de la gratuité de l’école pour les enfants d’étrangers, la prise en compte du vote blanc et surtout en renonçant à la sortie complète de l’euro. Plus que jamais le discours de Le Pen sur l’Europe et l’euro est incompréhensible.
Enfin, ce n’est pas flatteur de s’allier avec un homme qui disait, en 2014, que Le Pen incarnait "la rupture dans le drame", et mille choses plus désagréables les unes que les autres sur son compte.
Pendant ce temps, Macron reçoit le soutien appuyé de Jean-Louis Borloo.
C’est le grand retour sur scène de l’ex ministre de l’Ecologie. Et, pour Macron, un soutien de poids. Borloo est populaire et c’est une figure de la droite. Il incarne cette droite sociale qui ne se reconnaissait pas dans Fillon ni aujourd’hui dans Wauquiez.
Surtout, contrairement à Villepin et d’autres, Borloo apporte un soutien franc, actif et sans conditions : "Je m’engage à fond, je suis prêt à me retrousser les manches", annonce-t-il. Et, en plus, il vient avec des idées, comme ce plan de redressement et d’urgence en faveur des jeunes, notamment.
Même s’il s’en défend, Borloo pourrait devenir premier ministre. Pour Macron, qui avait commencé la semaine dernière de façon poussive, le renfort de Borloo donne une accélération à sa campagne.
Dupont-Aignan avec Le Pen et Borloo avec Macron, c’est aussi le symbole de l’éclatement de la droite.
Oui, tous deux ont d’ailleurs été membres naguère de l’UMP. Dupont-Aignan représente aujourd’hui cette droite tentée par le FN. Et Borloo, cette droite, plus sociale, qui est prête à faire un bout de chemin avec Macron. C’est entre ces deux sensibilités, que le parti Les Républicains va devoir se reconstruire.