Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique quelques jours après l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Élysée.
Macron à l’Élysée, c’est l’anti Hollande.
Sans doute est-ce parce qu’il l’a vu à l’œuvre lorsqu’il était son secrétaire général adjoint à l’Élysée, mais Macron ne veut pas reproduire les erreurs de gouvernance de son prédécesseur. Ni celles de Sarkozy d’ailleurs.
Macron ne sera ni le président normal et bavard avec les journalistes qu’était Hollande. Ni l’hyperprésident impétueux et se mêlant de tout qu’était Sarkozy.
Il estime avec raison que leurs erreurs de comportement leur ont coûté très cher.
Pour Macron-le littéraire, le style, c’est l’homme.
C’est donc une présidence jupitérienne, au pouvoir vertical, que conçoit Macron.
Il veut renouer avec les codes d’une République monarchique qu’avait imposés De Gaulle et une autorité toute bonapartiste.
Qu’importe la surmédiatisation de l’époque, sa parole sera plus rare. Lui fixe le cap et s’occupe du long terme. Au premier ministre de conduire les arbitrages quotidiens au sein de son gouvernement. Pas de dyarchie au sommet de l’État.
Donc, les ministres aussi ont intérêt à se tenir à carreau.
Il leur a signifié hier à l’occasion du premier conseil des ministres. Confidentialité, solidarité, collégialité sont les nouvelles règles du jeu.
Macron ne veut ni embrouille, ni rivalité entre eux. Il leur a demandé de ne pas trop communiquer.
Les grognards comme Bayrou ou Le Drian et les bizuts que sont les 11 ministres de la société civile sont tous priés de marcher d’un même pas. C’est vrai que l’inexpérience politique de beaucoup peut être une source de désordre et d’ennui. Place à une discipline de commando, que traduit la photo officielle de cette équipe resserrée, toute vêtue de sombre, prise hier au pied de l’escalier Murat, et non, comme d’habitude, dans le jardin de l’Élysée.
À l’épreuve des réformes, cette rigueur peut-elle tenir ?
On verra, car les journalistes sont là pour savoir ce qui se passe dans les entrailles du pouvoir. Et, comme vous le savez, les journalistes n’aiment pas qu’on leur dise ce qu’ils ont à faire. Or, il y a un peu cette tentation dans l’équipe de Macron.