Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique quelques heures après la nomination d'Edouard Philippe à Matignon.
Merci Charles de Gaulle et vive la Ve République !
N’en déplaise à leurs détracteurs qui veulent les changer, les trouvent trop monarchiques ou pas assez démocratiques, les institutions imaginées par le général de Gaulle en 1958 permettent toutes les évolutions et révolutions politiques.
On les disait faites exclusivement pour de Gaulle, à sa mesure. Mais elles n’ont pas empêché l’arrivée de la gauche au pouvoir, ni à la France de connaître trois cohabitations, ni à un jeune homme sorti de nulle part (Emmanuel Macron) de se faire élire président de la République et de provoquer dans son sillage une recomposition du paysage politique, qui casse les partis et les clivages traditionnels.
Et tout cela sans violences ni heurts, par la seule volonté du suffrage universel, du peuple donc, qui dépose son bulletin de vote dans l’urne.
La Constitution de la Vème République autorise toutes les transgressions.
Car, avec les législatives, Macron va tenter quelque chose de jamais-vu.
Macron vient de la gauche, mais a pris un premier ministre de droite, Edouard Philippe. Il ne lui est pas imposé puisqu’il l’a choisi.
Maintenant la question est de savoir si Macron et Philippe peuvent obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale le 18 juin, date symbolique s’il en est, qui renvoie à l’appel du général de Gaulle.
Le danger ne vient pas du PS, en état de mort clinique, mais de la droite.
Tout va se jouer dans le mois qui vient. Et beaucoup dépendra du gouvernement nommé dès aujourd’hui. Si suffisamment de figures de droite l’intègrent et le soutiennent, il y a fort à parier que le parti Les Républicains se fracture dans la foulée et se voit ainsi affaibli pour les législatives. Alors Macron et Philippe pourront espérer une majorité absolue. Ils ne dépendraient pas d’une majorité de coalition, forcément aléatoire, voire instable.
Cela voudrait dire qu’une nouvelle force centrale et majoritaire émergerait.
Exactement, en un mois, sans rien changer au mode de scrutin. Et toujours dans l’esprit du général de Gaulle qui, comme vous le savez, était un farouche adversaire de la petite cuisine des partis. Si Macron réussissait ce pari, avec l’aide d’Edouard Philippe à Matignon, ce serait un nouveau coup de maître.