ÉDITO - Alors qu'il a dit mercredi soir sur France tout le mal qu'il pensait du programme de François Fillon, François Bayrou semble ne pas savoir lui-même ce qu'il va faire.
Si François Bayrou le savait, Yves Thréard nous le dirait, mais il ne le sait pas lui-même.
Il était au journal de France 2, hier soir, pour dire tout le mal qu’il pense du projet de son ami Fillon. Un projet dangereux qui accroît, selon lui, les inégalités.
Alors, va-t-il se présenter à la présidentielle ? Mystère et boule de gomme.
D’ailleurs avec qui irait-il ? Il dit qu’il va réunir ses amis pour en discuter. Mais ils sont où ses amis ? Sans troupe ni électeurs, il pèse 6% dans les sondages, l’ermite de Pau est un homme seul. Il traîne sa solitude comme celui qui est perdu, qui cherche sa place. Il ressasse le passé avec amertume, le passé de 2007, quand il a failli créé la surprise.
Depuis, il est triste, Bayrou. C’est un peu congénital chez les centristes, jamais contents car souvent perdants.
Pourquoi à votre avis ?
Les centristes étaient unis naguère, dans leur combat contre de Gaulle. Mais, depuis la défaite de Giscard d’Estaing en 1981, chacun va où le vent le pousse faute d’idées neuves, en quête d’un improbable destin. Malheureusement pour eux, ils font rarement le bon choix.
La plupart, comme Bayrou, avait parié sur Juppé, mais il a été archi battu.
Si ce n’était Juppé, ils imaginaient alors Sarkozy, formidable occasion de se retrouver contre un ennemi commun.
Et puis, c’est finalement Fillon. Et c’est reparti pour la division. Certains acceptent d’aller à la soupe derrière Fillon, d’autres pas, d’autres encore en pincent pour Macron qui est en train de rétrécir leur espace, de prendre leur oxygène.
Bref, vous ne croyez pas que Bayrou puisse encore se faire une place de choix dans la campagne présidentielle.
Si c’est pour défendre la cause du peuple contre Fillon, Marine Le Pen et Mélenchon me paraissent mieux armés.
Bayrou avait écrit dans un livre intitulé 2012, l’État d’urgence : "Si tu n’es pas capable de tout risquer quand l’essentiel est en jeu, à quoi bon la politique ?" Va-t-il appliquer ce conseil à lui-même ? Lui seul a la réponse.