Même s'il a honte de François Hollande depuis la parution d'Un président ne devrait pas dire ça, Manuel Valls est bloqué à Matignon.
il a beau dire que François Hollande est son ami, Manuel Valls a honte, il a honte de François Hollande et il le fait savoir. Honte des confidences que celui-ci a faites aux deux journalistes du Monde dans le livre Un président ne devrait pas dire ça. Valls est en colère et affirme que le pays a besoin d’incarnation à sa tête. Autrement dit, puisque Hollande n’incarne plus la France à ses yeux, lui, Valls, peut le remplacer à la primaire en vue de représenter le PS à la présidentielle.
On n’a jamais vu pareille crise au sommet de l’Etat avec un Premier ministre qui veut mettre dehors son président de la République. Sauf, bien sûr, en période de cohabitation. Si, d’ailleurs, François Hollande avait de l’autorité, il virerait Manuel Valls aujourd’hui même. En fait, ce serait sa chance, et c’est pour cela que Hollande ne lui donnera pas. Viré de Matignon, Valls pourrait sans scrupule concourir à la primaire et peut-être la gagner contre Hollande et Montebourg. Mais, dans cette hypothèse, il retrouverait Macron sur sa route et rien ne dit que, dans ce match-là, il serait le plus fort à la présidentielle.
L’intérêt de Hollande, c’est au contraire de neutraliser Valls pour ne pas le retrouver sur son chemin à la primaire. Car François Hollande veut aller à la primaire du PS et fait le pari que Valls ne claquera pas la porte de Matignon, sous peine de devenir Brutus, le traître. Valls peut d’autant moins se le permettre que lui-même qualifie déjà Macron de traître. L’horizon de Valls est donc bouché. Il est prisonnier de Hollande.
Je ne lui vois qu’une issue de secours, et elle vient de la droite. L’une des seules choses qui pourrait faire renoncer Hollande à la présidentielle, c’est que Sarkozy, son meilleur adversaire pense-t-il, le plus facile à prendre, soit battu à la primaire de la droite. Hollande renonçant, alors Valls sortirait de l’impasse. Avec la lourde responsabilité de devoir traîner le bilan de l’homme qu’il a accepté de servir pendant trois ans. Pas simple !