En refusant de dialoguer avec les élus locaux à l'heure où la question des migrants est une source d'angoisse pour les Français, Bernard Cazeneuve fait le jeu du Front national.
Bernard Cazeneuve joue à un jeu dangereux avec les migrants, selon Yves Thréard.
Il est important de préciser que ce n’est pas sa volonté de vider la jungle de Calais qui est mise en cause puisqu’il a cent fois raison.
En effet, cette zone de non droit, insalubre, livrée à tous les trafics, où s’entassent 10.000 clandestins, est indigne de notre pays. Il faut percer l’abcès et délivrer les Calaisiens de cette plaie.
Le ministre de l’Intérieur a donc échafaudé un plan pour répartir ces migrants sur tout le territoire et ce n’est sans doute pas une bonne idée.
Mais, surtout, ce qui choque par-dessus tout, c’est sa note envoyée aux préfets sur laquelle figure cette phrase explosive : "La liste (des sites) devra être remontée (sous-entendu au ministère) sans que soit au préalable recherché l’accord avec les élus locaux".
Cela ne peut qu’envenimer les choses.
Évidemment, mais aussi bizarre que cela puisse paraître, ce n’est pas là-dessus qu’ont violemment réagi les élus locaux de droite.
Eux, accusent le gouvernement de vouloir créer des micro-Calais un peu partout et qui seront autant d’appels d’air incitant les migrants à venir en France.
Ça se discute, mais ce qui paraît beaucoup plus grave, c’est la politique du fait accompli engagé par le gouvernement. Refuser de discuter avec les élus locaux, de prendre leur avis, c’est une déclaration de guerre civile, c’est lancer une bombe. Surtout quand on sait que la question des migrants est au cœur du débat de l’élection présidentielle et l’aiguillon des angoisses françaises.
Vous l’avez constaté avec le centre d’accueil de Forges-les-Bains, dans l’Essonne, qui a été récemment incendié.
Disons-le clairement, cette méthode, c’est faire le jeu du Front national, qui n’attend que ça.
Mais Bernard Cazeneuve s’en doute ?
Il ne faut pas lui faire de faux procès mais on se rappelle de la tactique de Mitterrand dans les années 80. Pour sauver les meubles de la gauche, diviser et affaiblir la droite, il n’y a rien de tel que de faire monter le Front national.
Avec les migrants, on a le sentiment que Hollande et son gouvernement sont tentés de jouer la même partition que Mitterrand.