Alors qu'il a été son Premier ministre, François Fillon voit en Nicolas Sarkozy l'homme à abattre même s'il faut user de moyens très discutables.
Pour François Fillon, Nicolas Sarkozy est l’homme à abattre ?
François Fillon a cogné très fort hier, à Sablé-sur-Sarthe en faisant référence aux problèmes judiciaires de Nicolas Sarkozy, il a assené les coups :
"Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ?", "Il ne sert à rien de parler d'autorité quand on n'est pas soi-même irréprochable".
Fillon l’a toujours fait depuis son entrée en campagne pour la primaire et c’est le seul des candidats à taper aussi fort sur l’ex chef de l’État.
Il a beaucoup misé sur le fait que Sarkozy serait empêché de se présenter à cause de ses tourments judiciaires, jusqu’à l’imprudence d’ailleurs.
On se souvient de son déjeuner, en juin 2014, avec le Secrétaire général de Hollande à l’Élysée, lui a-t-il ou non demandé à cette occasion d’accélérer les procédures ?
Fillon dit que non, Jean-Pierre Jouyet dit que oui. Attaqué en diffamation, Jouyet a été relaxé.
S’en prendre ainsi à Sarkozy, c’est la bonne tactique ?
La preuve que non, il est quatrième dans les sondages, loin derrière Bruno Le Maire.
Cet été, Giscard d’Estaing lui a d’ailleurs conseillé de surprendre. Mais sans doute pas comme ça.
François Fillon est un homme blessé, gorgé d’amertume, habité par une volonté de revanche sur cet ex président qui l’avait traité de collaborateur quand il était son Premier ministre.
A ses yeux, il devait gagner la présidence de l’UMP en 2012 contre Copé, qui était soutenu en sous-main par Sarkozy.
A ses yeux, Sarkozy sorti en 2012, c’était lui qui devait être le candidat naturel de la droite en 2017.
A ses yeux, Sarkozy, le bateleur, le populiste, le démagogue même puisque c’est ainsi qu’il l’a qualifié hier, donne une image détestable de la droite qui mérite, pense-t-il, mieux que ça.
A ses yeux, c’est lui qui a le programme le plus abouti pour redresser la France, comme le disent d’ailleurs bon nombre de patrons.
Fillon est déjà battu donc ?
Sans doute, pour quatre raisons :
1 : Il critique trop Sarkozy, or il a été son Premier ministre pendant cinq ans. Pourquoi n’est-il pas parti à l’époque ?
2 : Son côté bourgeois de province n’enthousiasme guère. Fillon aime la course auto, s’il aimait le vélo comme Sarkozy, il serait sans doute plus populaire.
3 : Son programme est le plus libéral de tous. Or, le libéralisme, c’est mal porté en France. Même Alain Madelin, un expert en la matière, estime que son projet est une purge. Fillon, c’est un peu Thatcher en costume trois pièces.
4 : Fillon n’est pas un meneur d’hommes. Tous ceux qui l’entourent se plaignent de son goût du secret, de sa difficulté à communiquer et de son caractère parfois sournois.
Ce qui est sûr, c’est que battu, Fillon se ralliera à Juppé.