Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique à quelques jours du second tour de l'élection présidentielle.
Qui a le plus parlé aux électeurs de droite ?
Nous avions hier soir un débat à fronts renversés.
Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite, défendait un socialisme sécuritaire, nationaliste et agressif. Face à elle, Emmanuel Macron, qui n’a jamais nié ses origines de gauche, apparaissait pourtant plutôt comme un libéral européen bon teint.
Entre les deux donc, celui qui semblait le plus parlé à la droite, aux 20% d’électeurs orphelins de François Fillon, c’était donc Macron. Et même si elle l’a traité d’héritier de Hollande comme d’habitude, Le Pen l’a implicitement suggéré. Elle a clairement dit qu’il avait des points communs avec Fillon, qu’il était l’ami du Medef, soumis aux intérêts privés, quand elle était la candidate du peuple, cherchant à flatter ainsi sur certains points - l’économie et l’Europe notamment - les électeurs orphelins de Jean-Luc Mélenchon.
Macron plus proche de Fillon que de la gauche donc.
Incontestablement sur les sujets économiques, avec un Macron qui veut aller plus loin que la loi El Khomri pour libérer le marché du travail, qui veut baisser les dépenses publiques de 60 milliards d’euros, qui veut baisser l’impôt sur les sociétés et négocier le temps de travail par entreprise.
Pareil sur la sécurité où il était attendu au tournant. Macron veut revenir sur la loi Taubira - totem de la gauche -, promet l’exécution de toutes les peines prononcées, même petites, et la tolérance zéro. Et pareil encore sur l’Europe, qu’il veut relancer avec Merkel.
Le Pen l’a accusé d’être un candidat par défaut. Elle songeait à Hollande, absent de cette présidentielle. Mais en fait, Macron aujourd’hui, c’est aussi celui qui remplace Fillon. Quand il s’est lancé dans cette présidentielle, Macron souhaitait incarner "et la droite et la gauche". Pari réussi, même si les études d’opinion montrent qu’il serait dimanche, en cas de succès, un vainqueur à défaut de mieux, et à droite et à gauche.
A-t-il gagné ce débat ?
Une chose est sûre, Emmanuel Macron a montré hier qu’il avait davantage la carrure présidentielle que Marine Le Pen, qui est restée dans le seul registre de la vocifération et de la dénonciation. Son plafond de verre à elle, il est là.