L'UEFA ne veut plus que les équipes de foot aillent jouer dans les pays qui interdisent leurs stades aux femmes. C'est un mauvais choix car, au contraire, il faut y aller pour faire changer les mentalités.
L’UEFA invite les clubs et les fédérations à ne plus organiser de matches dans des pays où les femmes ont un accès limité aux stades. Pour Virginie Phulpin, l’idée est louable mais ça n’est pas la bonne méthode.
Que l’UEFA décide de lutter contre les discriminations faites aux femmes, on ne peut que le saluer. Le foot a ce pouvoir de faire bouger les lignes et si les instances en prennent conscience, tant mieux. On ne peut plus accepter sans rien dire que des femmes soient empêchées d’aller dans un stade justement parce qu’elles sont des femmes.
Mais inviter les clubs et les sélections nationales à ne plus organiser de matches dans les pays qui pratiquent cette discrimination, non. Au contraire, il faut y aller ! C’est en confrontant ces pays à leur politique discriminatoire que l’on pourra avancer. Parce qu’il y aura un débat, et rien que le débat est une victoire.
En janvier, la Super Coupe d’Italie a eu lieu en Arabie Saoudite. La première réaction, c’est de dire "quoi, mais pourquoi aller dans ce pays où les femmes devront être accompagnées par un homme si elles veulent se rendre au stade". Oui c’est révoltant mais, au moins, des femmes ont pu assister à la rencontre. Ça n’est qu’une toute petite victoire, mais en Arabie Saoudite, rien que ça, ça aurait été inimaginable il y a deux ans seulement.
On parlait de l’UEFA, mais la FIFA va agir aussi ?
Il a fallu attendre un fait horrible pour que la FIFA bouge. Il y a une quinzaine de jours, une femme s’est immolée par le feu devant un tribunal de Téhéran, en Iran. Elle s’était déguisée en homme pour aller voir un match de son équipe préférée. Mais elle a été arrêtée et elle s’est suicidée pour faire entendre sa voix. La FIFA veut faire pression sur l’Iran pour que les femmes puissent assister aux matches de qualification de leur équipe pour la prochaine coupe du monde. Sinon, il y aura sanction. Ça semble plus adapté comme réponse dans un pays où les femmes sont bannies des stades depuis 1979.
Évidemment que ça n’est pas encore satisfaisant de les voir autorisées à aller voir seulement quelques matches choisis par les autorités. Mais si on se souvient bien, en Afrique du Sud du temps de l’Apartheid, un match de foot avait opposé une équipe blanche à une équipe noire dans les années 70. Choquant. Mais ça a été un premier pas pour comprendre que l’on pouvait jouer ensemble. Quelques années plus tard, naissait une équipe multiraciale, bien avant la fin de l’Apartheid. C’est peut-être avec ces petits pas que le foot peut montrer la voie.