Congé paternité des sportifs de haut niveau : le sport professionnel peut encore être rétrograde

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SAISON 2021 - 2022

Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulphin s'intéresse au joueur de rugby de Grenoble Jim Nagusa qui a décidé de prendre son congé paternité, et qui essuie de nombreuses critiques dans le milieu du rugby. Selon elle, son exemple montre à quel point le sport professionnel peut encore être rétrograde sur certains sujets.

Les sportifs de haut niveau sont-ils des salariés comme les autres ? Le joueur de rugby de Grenoble Jim Nagusa a décidé de prendre son congé paternité, et il essuie de nombreuses critiques dans le milieu du rugby. Son exemple montre à quel point le sport professionnel peut encore être rétrograde sur certains sujets. 

"Il prend son club en otage", "quelle attitude égoïste", "il est pourtant bien payé pour vivre de sa passion". Jim Nagusa entend en ce moment autant de noms d’oiseaux que de gazouillis de son nourrisson. De quoi est-il coupable ? D’avoir pris son congé paternité pour l’arrivée de son nouveau-né. Effectivement, c’est grave…

Depuis le 1er juillet en France, un père a droit à 28 jours de congé pour la naissance d’un enfant. Donc légalement, rien de répréhensible. Mais de nombreux anciens joueurs, entraîneurs ou dirigeants trouvent que ça équivaut à trahir son club et ses coéquipiers. Rien que ça. Soit dit en passant, depuis le temps qu’il est blessé, Nagusa n’a pas joué une minute avec Grenoble cette saison. Mais c’est maintenant qu’il prend son congé paternité qu’il manquerait cruellement à son équipe ? Soyons sérieux. C’est surtout que le sport professionnel véhicule une image de virilité mal placée dont beaucoup sont encore très fiers, et en gros, les couches et les biberons, ça reste le travail des femmes. Il va peut-être falloir évoluer un peu.

D’ailleurs ce sont plutôt les anciens sportifs qui sont les plus virulents dans la critique de Nagusa. La nouvelle génération a elle intégré le fait qu’un père pouvait être présent pour les premiers jours de son enfant sans être accusé de haute trahison. 

Jim Nagusa n’est pas non plus exempt de tout reproche, il paie pour l’ensemble de son œuvre.

 

Il n’est pas exactement le joueur le plus sérieux du monde. Il a l’habitude de revenir de vacances avec deux semaines de retard pour reprendre l’entraînement. Mais ça n’a rien à voir. Revenir de vacances en retard est une faute professionnelle. Dans les clubs pro comme dans toutes les entreprises. Prendre son congé paternité est un droit. Il va falloir s’y faire messieurs. Et dire que ça pénalise l’équipe est un peu court comme raisonnement.

On connaît l’importance du mental, du moral pour les sportifs. Et s’il se prive d’un moment essentiel de la vie, il ne va pas forcément être performant sur le terrain. Cet été, Julian Alaphilippe n’est pas allé aux JO de Tokyo, parce qu’il voulait être présent pour la naissance de son enfant. Ça n’était pas un congé paternité, juste une pause. Oui, il aurait pu rapporter une médaille à la France. Et alors ? On peut dire aussi que parce qu’il a pris ce temps en famille, il a pu reprendre le vélo l’esprit libre, et gagner le championnat du monde. Donc Jim Nagusa n’est peut-être pas un joueur exemplaire à tous les niveaux. Mais là, il n’y a rien à lui reprocher. On peut dépasser son cas personnel et le remercier de mettre le sujet sur la table.