Ligue 1, Top 14, US Open... Aucun événement sportif ou presque n'échappe à l'épidémie de coronavirus. Les cas se multiplient, malgré les précautions. Et les sportifs se retrouvent en première ligne, coupable d'être tombés malade. Un raccourci trop facile pour Virginie Phulpin qui prend leur défense.
Chaque jour ou presque on apprend qu’un sportif est positif au Covid-19. Pour vous, ce qui pose un problème, c’est qu’à chaque fois, ces sportifs sont placés sur le banc des accusés.
On dirait que c’est forcément leur faute s’ils tombent malades. Je sens comme une suspicion quand il s’agit des sportifs. Ils n’ont pas dû avoir un comportement exemplaire, ils l’ont bien cherché. C’est ce que je lis entre les lignes, moi, et ça me dérange.
Pourquoi est-ce qu’on les regarderait de travers ? Je prends l’exemple de Benoît Paire à l’US Open. Les organisateurs du grand chelem de tennis l’ont exclu du tableau après son test positif. Ça, c’est logique, pas de problème. Mais en plus, ils ont communiqué sur le fait que le joueur ne portait pas assez son masque. En gros c’est bien fait pour lui si j’ai bien compris. C’est à dire qu’ils sont tellement fiers de leur bulle soi-disant totalement hermétique dans laquelle ils ont placé les joueurs et les joueuses qu’ils ne veulent pas admettre la moindre faille.
Donc si un joueur est positif, c’est sa responsabilité. Cela évite de se remettre en question et de faire peur aux participants qui restent. Mais ça n’est quand même pas si simple que ça, soyons sérieux. Il y a beaucoup de monde qui travaille à l’US Open, même si ça a été réduit avec la situation sanitaire. Et parmi ces gens qui côtoient les joueurs, il y en a beaucoup qui rentrent chez eux le soir, et qui sont en contact avec leurs familles, elles-mêmes en contact avec des collègues, des amis, des commerçants…
Enfin bref, la bulle, elle n’existe pas vraiment, dans les faits. D’ailleurs Benoît Paire parle de "fake bulle", et il a raison. C’est impossible de mettre totalement les joueurs sous cloche. Je sais bien que c’est du tennis, mais plutôt que de se renvoyer la balle, là, ce serait peut-être mieux d’admettre que le risque zéro n’existe pas.
Le comportement des sportifs est encore plus scruté à la loupe que d’habitude.
Déjà qu’en temps normal on ne leur passe pas grand-chose, là le moindre écart est vu comme une faute professionnelle. Bien sûr qu’il faut dénoncer les abus. Quand Novak Djokovic a organisé son Adria Tour en juin sans aucun geste barrière, aucune sécurité, c’est normal qu’on lui tombe dessus. Mais là par exemple avec les soupçons de cas positifs au Paris Saint-Germain, tout le monde est déjà prêt à se déchaîner sur les joueurs et leurs vacances à Ibiza.
Je ne dis pas qu’ils ont forcément été les plus prudents du monde, mais si on veut bien être honnête, qui n’a pas participé à une réunion de famille, ou à des vacances entre amis cet été ? Alors, qui jette la première pierre ? Avec ces accusations insidieuses, je sens revenir les clichés éculés sur les sportifs pas très malins et donc incapables de respecter un protocole. Et ça me semble un peu expéditif, comme jugement.