L’Olympique de Marseille est en plein paradoxe avec cette crise sanitaire. Pour Virginie Phulpin, le club est à la fois le grand vainqueur du confinement, et le plus en danger.
Rien ne se passe exactement comme ailleurs à Marseille. On est toujours partagé entre la passion dévorante, la critique acerbe et la peur du lendemain. Et la période actuelle met encore plus en lumière ces tiraillements incessants. Si on devait désigner un vainqueur du confinement en football, oui, ce serait l’OM. La fin de saison annulée a validé la qualification des Marseillais en Ligue des Champions, ce qu’ils n’avaient pas réussi depuis 2013. Autant dire que si ça avait été autorisé, il y aurait eu du monde pour fêter le retour des rêves européens. Oui, finir deuxième dans un championnat acquis au Paris St Germain, ça sonne comme un titre. Et pas la peine de se demander, à Lyon ou ailleurs, si le résultat aurait été le même en allant au bout de la compétition, ça ne sert à rien, personne ne le sait. Ce qu’on sait, c’est qu’un homme a fait renaître l’OM de ses cendres. C’est l’entraîneur, André Villas-Boas. Le Portugais a pris en main une équipe qui n’en était plus vraiment une et il a réussi à inculquer au groupe son ambition, sa philosophie, son humanité. Et d’un seul coup, on a revu du football à Marseille. Cet homme-là a tout compris à la ville. Il suffit de lire son dernier communiqué. Il dédie la deuxième place à Pape Diouf, l’ancien président mort du coronavirus, il n’oublie pas de remercier les supporters, ça compte aussi, et il dit qu’il veut rester à l’OM. A condition d’avoir les moyens de ses ambitions. Ça c’est la petite phrase qui change tout.
Oui parce que l’OM est fragile, très fragile même, financièrement
Cela fait trois ans que les comptes de l’OM sont dans le rouge. L’actionnaire, Franck Mc Court, renfloue à chaque fois. Mais ça ne va pas forcément passer pour le fair play financier. Parce que ce que demande l’UEFA, c’est que le club soit rentable lui-même, qu’il assure des revenus d’exploitation positifs sans passer par l’actionnaire. L’OM sera fixé sur son sort en juin. Mais il y a de quoi avoir peur. Si le club avait prévu de vendre des joueurs pendant le mercato pour équilibrer son budget, la crise est passée par là, et plus personne n’a d’argent pour acheter. Alors si André Villas-Boas attend des renforts pour son équipe, ça va être compliqué. A moins que l’OM ne soit racheté par un homme d’affaires saoudien. Ca c’est la rumeur du moment. Un serpent de mer qui ressort à chaque fois que Marseille a des difficultés financières… Qu’il y ait un intérêt, oui. De là à en faire une affaire conclue, il y a de la marge. Mais forcément, ce genre de rumeur, ça laisse imaginer une nouvelle rivalité exacerbée avec le PSG. Et il n’en faut pas plus pour alimenter la machine à fantasmes. Pour oublier que la réalité, pour l’instant, c’est une réussite sportive et des caisses vides.