Le sport amateur est en grand danger avec les répercussions de la crise sanitaire. Pour Virginie Phulpin, ça doit être une cause nationale.
C’est un des paradoxes de cette crise. On se rend bien compte que faire du sport régulièrement préserve notre santé et nous rend plus résistants. Et en même temps, les clubs amateurs vont avoir du mal à se relever de cette période. En France il y a 16 millions de licenciés dans 180 000 clubs et associations sportives. C’est par ces structures que vit le sport dans notre pays. Et leur avenir se joue en ce moment. Il faut donc qu’on soit à la hauteur, c’est une question de santé publique. Et c’est aussi le vivier du sport de haut niveau qui fait notre fierté. Ces clubs amateurs sont à l’arrêt depuis le mois de mars, ils devront attendre septembre pour retrouver un semblant d’activité. Mais dans quelles conditions ? Financièrement, ça va être très compliqué si on détaille leurs sources de revenus. Il y a d’abord les cotisations des adhérents. Le nombre de licenciés risque de baisser. Parce que de nombreuses personnes ont vu leur salaire diminuer, et acheter une licence sportive ne fera pas forcément partie de leurs priorités La billetterie ensuite. Inexistante en ce moment bien-sûr. Je parle des billets pour les matches des plus grosses structures, mais même dans les plus petits clubs, il n’y a pas de tournoi de fin d’année, qui représente une rentrée d’argent substantielle. Les partenariats et les sponsors aussi. De nombreuses entreprises locales ont déjà dit qu’elles arrêteraient, parce qu’elles sont en difficulté. Et puis les subventions des collectivités locales qui risquent aussi de diminuer. Donc le sport amateur ne s’en sortira pas tout seul.
Il y a forcément des solutions pour aider ce sport amateur
Oui, et au niveau du ministère des sports, on est convaincu de son importance. Roxana Maracineanu l’a dit à de nombreuses reprises ces dernières semaines. Concrètement, les grosses fédérations ont déjà esquissé des plans de soutiens aux clubs et aux associations. Au rugby, au tennis, on a prévu de débloquer 35 millions d’euros. Le football ne sera pas en reste. Mais est-ce que ça suffira ? Sans doute pas. C’est au niveau de l’Etat qu’on doit aussi agir. Vous savez qu’il existe une taxe sur les droits télé, elle est directement affectée au sport et ruisselle vers les clubs amateurs, c’est la taxe Buffet. Elle est fixée à 5 % du montant des droits télé, mais est plafonnée à 40 millions d’euros par an, quel que soit le montant de ces droits télé, qui ont beaucoup augmenté. Pourquoi ne pas déplafonner cette taxe cette année, voire de manière plus pérenne ? Ce serait la solution la plus solidaire pour le sport amateur. Ca lui permettrait de se relever. C’est aux députés de jouer et d’adopter un amendement dans ce sens. Et là, ce serait un signe fort, et on en ferait une cause nationale. Parce qu’on ne peut pas laisser les clubs exsangues alors que des jeux olympiques se profilent à Paris dans 4 ans.