Face à la crise économique qu'elle traverse, le football français a trouvé une solution pour le court terme. L'Etat devrait garantir un prêt pour sauver les clubs en difficulté. Mais pour Virginie Phulpin, la filière doit se réinventer et trouver un autre modèle économique sur le long terme.
La Ligue de Football Professionnel va obtenir un prêt garanti par l’Etat pour sauver les clubs de foot face à la crise. Une solution est donc trouvée pour le court terme. Mais pour vous, maintenant, le football devrait réfléchir à un autre modèle économique sur le long terme.
C’est au coeur de la crise qu’on se rend compte à quel point la situation économique des clubs de foot est fragile. Ils sont nombreux à avoir des finances dans le rouge. Tout simplement parce qu’ils ont une grosse masse salariale, les salaires des joueurs, et qu’en même temps ils ne vendent plus de billets pour des matches qui n’ont plus lieu, et surtout, il n’y a plus de droits télé.
Canal Plus aurait dû verser 162 millions d’euros à la Ligue pour la fin de la saison, mais la chaîne a résilié son contrat. Evidemment, il n’y a plus de matches à retransmettre, donc plus de droits. Ce manque à gagner, c’est l’Etat qui va le compenser, avec un prêt garanti par l’Etat, c’est à dire une avance de trésorerie pour une année. Et dans un an, il faudra rembourser. L’assemblée générale de la Ligue va décider de la façon dont sera réparti ce prêt entre les clubs.
Très bien, on a trouvé une solution pour répondre à la crise immédiate, tant mieux. Mais maintenant il va falloir aller un peu plus loin. Les clubs ne peuvent pas être aussi dépendants de la manne des droits télé, je pense qu’il faut réfléchir à un modèle un peu différent.
La ministre des sports, Roxana Maracineanu, dit d’ailleurs qu’il faut requestionner le fonctionnement du sport professionnel.
Oui, et ça a provoqué quelques remous dans le milieu. Et pourtant ça paraît logique. Si une crise comme celle qu’on vit met autant à mal l’équilibre et parfois même la survie des clubs professionnels, c’est qu’il y a un problème.
C’est quoi aujourd’hui l’économie des clubs de foot ? Ils ont très peu de fonds propres et vivent avec l’inflation des droits télé. Mais la preuve, on n’est jamais à l’abri d’un coup d’arrêt. Et ces droits qui ont explosé ont aussi fait grimper en flèche les montants des transferts. Le moindre joueur moyen est coté plusieurs millions d’euros, il n’y a quasiment plus de corrélation entre les montants des transferts et la valeur intrinsèque des joueurs. On est passé dans une déconnexion totale.
Est-ce que les clubs peuvent continuer comme ça ? Je pense que la situation actuelle nous prouve que non. Mais évidemment, les clubs français ne peuvent pas faire la révolution tout seuls dans leur coin en revenant à l’économie réelle. C’est au niveau international qu’une réflexion doit être menée. Pour moi, l’UEFA et la FIFA ont aujourd’hui le devoir de réinventer l’économie du foot, en mettant fin à la course à l’échalote entre les grands championnats. Ca sert aussi à ça, une crise mondiale.