Entre le président du CIO qui parle d’une éventuelle annulation pure et simple des jeux olympiques de Tokyo et Mediapart qui laisse planer l’idée d’une faillite du football français, la journée d’hier a été mouvementée. Pour Virginie Phulpin, il faut arrêter d’agiter des peurs sans fondement.
Vous ne pensez pas qu’on souffre assez comme ça en ce moment ? Pourquoi chercher à grossir le trait et faire comme si l’apocalypse sportive nous attendait au coin de la rue ? Que la crise sanitaire ébranle le monde du sport, ça ne fait aucun doute. Il y a beaucoup de questions à se poser, beaucoup d’ajustements à trouver, et on doit mener une vraie réflexion de fond sur les événements sportifs. Mais là, la déclaration de Thomas Bach me semble anxiogène sans raison. Je vous laisse juger. « Si les jeux olympiques de Tokyo ne peuvent pas avoir lieu à l’été 2021, ils n’auront pas lieu du tout ». Que le président du comité international olympique réfléchisse à cette éventualité, c’est tout à fait normal. Mais tout patron du CIO qu’il soit, il n’a absolument aucune idée aujourd’hui de ce que sera la situation sanitaire dans un an et deux mois. Donc à quoi ça sert d’agiter le chiffon rouge en place publique ? Les athlètes olympiques sont déjà en train de digérer le fait que les jeux soient reportés, ce qui est parfaitement logique, on va peut-être les laisser reprendre progressivement l’entraînement sans leur répéter qu’ils travaillent peut-être pour rien… Et tout ça sans aucune information nouvelle. Pour des sportifs en fin de carrière, ça revient à peu près à leur dire que c’est fini pour eux. Je trouve ça pour le moins maladroit.
Mediapart, de son côté, a publié hier une enquête sur "la faillite retentissante du foot français"
Là encore, rien que le titre est anxiogène. On a l’impression qu’on va assister à la mort du foot français. Mediapart s’est procuré un rapport confidentiel de la Ligue sur les conséquences économiques de la crise sanitaire. Le coût est chiffré à 438 millions d’euros. Oui, c’est beaucoup. Ce qui inquiète Mediapart, c’est que la Ligue a demandé un prêt garanti par l’Etat, mais que vu les déficits de certains clubs ce sont les contribuables qui risquent de payer. Non. Il y a des clubs qui sont en déficit plusieurs années de suite, oui, c’est le cas de l’OM par exemple. Mais ça ne se cumule pas, hein. Il y a un actionnaire qui renfloue chaque année. Et puis si vraiment on a envie d’imaginer le pire, les clubs ont des actifs, comme les joueurs par exemple, qu’ils peuvent toujours vendre. Donc encore une fois, pourquoi faire peur à tout le monde « ouh, ouh, c’est vous qui allez payer pour les clubs de foot » ? Non. On n’a franchement pas besoin d’entendre les sirènes hurler parce que certains choisissent de grossir le trait. On n’en est pas à la faillite globale du foot français, et on ne sait pas si les jeux de Tokyo auront lieu l’an prochain. C’est dur, parfois, d’admettre qu’on ne sait pas. Mais ça me semble plus raisonnable que de jouer sur les peurs.