Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin s'intéresse au début de l'Euro et aux personnes qui n'aiment pas le football. Selon elle, il va falloir s'y faire, le football peut faire avancer le monde.
Dernier match de préparation à l’Euro pour les Bleus ce soir. Ils affrontent la Bulgarie. Ensuite, vendredi, c’est le coup d’envoi de la compétition. Et ceux qui n’aiment pas le foot s’apprêtent à souffrir pendant un mois à entendre parler de l’Euro en permanence. C’est à eux que vous vous adressez ce matin. Pour Virginie Phulpin, avec le foot, on comprend mieux le monde.
Virginie Phulpin ne va pas nous expliquer comment échapper à l’Euro, parce que vous n’y couperez pas. Le foot va phagocyter à peu près tout le reste de l’actualité. Demain, le président Macron et son épouse vont voir les Bleus à Clairefontaine. Et la compétition n’a pas encore démarré. Alors il va falloir vous y faire, désolée.
Mais le foot, c’est tellement plus que des joueurs, des crampons et des maillots. Tiens, le maillot, justement. L’Ukraine vient de présenter le sien. Il est jaune et bleu. Jusque-là, tout est normal. La carte de l’Ukraine est dessinée dessus. Ok, logique. Ah oui, mais cette carte comprend la Crimée, annexée par la Russie en 2014. Et il est agrémenté de quelques slogans nationalistes. Résultat, Moscou s’est fâché tout rouge.
En fait, une compétition comme l’Euro, entre des sélections nationales, ne se joue pas que sur le terrain, loin s’en faut. Il y a les coups francs dans le jeu, et les coups fourrés en dehors. L’Euro, ce sont des luttes d’influences, une part de nationalisme, et on peut retrouver dans la compétition les tensions qui existent entre certains pays. C’est pour ça que ça me fait un peu rire quand on considère par exemple que les joueurs ne devraient pas mettre le genou à terre pour lutter contre le racisme, parce que la politique n’a rien à faire dans le sport. Elle est là, elle est partout. Et l’exemple de l’Ukraine et de la Russie me semble assez parlant.
Ça risque d’être tendu si les deux équipes s’affrontent pendant l’Euro.
Déjà elles ne sont pas dans le même groupe. Et ça n’est pas le hasard du tirage au sort. Elles ne pouvaient pas être dans le même groupe. Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, l’UEFA, l’instance européenne du football, a tout simplement interdit à ces deux sélections nationales de se rencontrer. Même les clubs ukrainiens et russes ne peuvent pas être opposés en Ligue des champions ou en Ligue Europa. Mais là, si l’Ukraine et la Russie se qualifient pour les huitièmes de finale ou plus, les équipes pourraient très bien se retrouver face à face. Cet Euro prendrait encore une autre dimension.
Il n’y a peut-être que grâce au foot que les deux pays pourraient à nouveau discuter. Vous voyez que le foot peut faire avancer le monde. La géopolitique se cache partout derrière les buts. L’Euro nous aide à mieux comprendre le monde.
Virginie Phulpin nous conseille d’ailleurs vivement le livre de Kevin Veyssière "Football Club Geopolitics". C’est passionnant. Comme cet Angleterre Ecosse prévu le 18 juin. Ça va chambrer sur le Brexit.